Eddie Komboïgo (CDP) : avec l’invalidation du code électoral, « c’est la démocratie burkinabè qui a gagné »

Réagissant à la décision de la Cour de justice de la Cédéao qui a invalidé lundi le nouveau code électoral burkinabè, Eddie Komboïgo, nouveau leader du CDP et candidat à la présidentielle d’octobre, se dit « satisfait ». Interview.

Eddie Komboïgo, président du CDP et candidat à la présidentielle d’octobre au Burkina Faso. © Ahmed Ouoba/AFP

Eddie Komboïgo, président du CDP et candidat à la présidentielle d’octobre au Burkina Faso. © Ahmed Ouoba/AFP

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Publié le 13 juillet 2015 Lecture : 3 minutes.

Le candidat de l’ex-majorité présidentielle devrait avoir le droit de briguer la magistrature suprême. C’est ce qui ressort de la décision de la Cour de justice de la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (Cédéao), rendue publique le 13 juillet à Abuja, le siège de la juridiction.

Le Burkina tenu de se plier aux décisions de la justice régionale

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Trois mois plus tôt, le Conseil national de transition (CNT) au Burkina Faso avait voté une révision du code électoral rendant inéligibles les personnes ayant défendu en octobre 2014 la tentative de modification de la Constitution du pays. Ce changement dans la constitution devait permettre à Blaise Compaoré, alors président de la République, de briguer un nouveau mandat.

Saisie par sept partis, dont le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti de Blaise Compaoré), la Cour de justice de la Cédéao estime en effet que ces nouvelles dispositions du code électoral constituent une « violation du droit de libre participation aux élections ». Elle a donc ordonné de lever les obstacles à une participation aux élections consécutifs à cette modification.

Le Burkina Faso, en tant que membre de la Cédéao, est tenu de se plier aux décisions de la justice régionale.  La décision rendue par la cour ouest-africaine est définitive et sans appel, a précisé à l’AFP un porte-parole de la Cédéao, Sunny Ugoh.

De possibles nouvelles modifications

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« Nous allons exécuter les règles dictées par la cour et apporter les aménagements nécessaires », a estimé Me Mamadou Savadogo, défendant le régime de transition en place. Mais « de nouvelles modifications pourraient cependant être apportées au code électoral », a-t-il précisé.

Eddie Komboïgo, nouveau président du CDP, fraîchement investi candidat à la présidentielle d’octobre lors du congrès de sa formation politique tenu le 11 juillet à Ouagadougou, salue quant à lui la décision de la Cour de justice de la Cédéao.

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Jeune Afrique : Que vous inspire la décision de la Cour de justice de la Cédéao qui vient d’invalider la modification du code électoral burkinabè ?

Il n’appartenait à personne d’utiliser le code électoral pour écarter un certain nombre de Burkinabè

Eddie Komboïgo : Nous sommes satisfaits. Nous dénoncions ce code électoral parce qu’il était liberticide. D’autant que la sanction des politiques appartient aux électeurs : nous avons tenté de modifier l’article 37 de la Constitution [laquelle limite à deux les mandats présidentiels au Burkina Faso, ndrl] et nous avons perdu le pouvoir par ce fait. Pour nous, c’était déjà là une sanction. De la même manière, pour la reconquête du pouvoir, il appartient au peuple d’aller élire celui qui veut. Il n’appartenait donc à personne d’utiliser le code électoral pour écarter un certain nombre de Burkinabè du jeu démocratique.

Peut-on considérer qu’il n’existe plus d’obstacle à votre participation à la prochaine présidentielle ?

L’arrêt de la Cour condamne l’État burkinabè et l’invite de lever tous les obstacles consécutifs à la modification du code électoral pour permettre à tous les candidats de se présenter au scrutin présidentiel à venir.

Est-ce un pas vers un scrutin présidentiel apaisé au Burkina Faso ?

Nous le souhaitons vivement. Par cette décision de la Cour de justice de la Cédéao, ceux qui voulaient que ce nouveau code soit appliqué doivent comprendre qu’il ne s’agit pas d’une victoire du CDP, notre parti, mais de l’ensemble des Burkinabè. C’est la démocratie burkinabè qui a gagné.

Nous espérons que cela servira de leçon ailleurs sur le continent ou dans le monde : lorsque l’on fait des législations locales pour diviser un peuple, il existe toujours des juridictions internationales qui peuvent rappeler à l’ordre. C’est donc également la victoire de la démocratie africaine, une fierté pour nous.

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