L’accord historique sur le nucléaire iranien conclu à Vienne

L’Iran et les grandes puissances sont parvenus à finaliser mardi à Vienne un accord historique sur le nucléaire iranien, un dossier qui empoisonne les relations internationales depuis douze ans, a annoncé à l’AFP une source diplomatique proche des négociations.

Hassan Rouhani, lors du sommet des BRICS le 9 juillet 2015, à Ufa (Russie). © Ivan Sekretarev/AP/SIPA

Hassan Rouhani, lors du sommet des BRICS le 9 juillet 2015, à Ufa (Russie). © Ivan Sekretarev/AP/SIPA

Publié le 14 juillet 2015 Lecture : 4 minutes.

« L’accord est conclu », a indiqué cette source, alors qu’une réunion plénière « finale » suivie d’une conférence de presse a été annoncée pour 08H30 GMT par l’Union européenne. Cette annonce intervient au terme de 21 mois de négociations et d’un round final de plus de 17 jours de négociations acharnées pour solder le dossier.

L’objectif de l’accord est de garantir que le programme nucléaire iranien ne peut avoir de débouchés militaires, en échange d’une levée des sanctions internationales qui étouffent l’économie du pays.

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Le texte, qui autorise l’Iran à poursuivre son programme nucléaire civil, ouvre la voie à une normalisation des relations économiques et diplomatiques de l’Iran avec la communauté internationale, une perspective qui hérisse Israël et les puissances régionales sunnites au Moyen-Orient.

La « réunion plénière finale de l’E3/UE3 et de l’Iran aura lieu à 10H30 (08H30 GMT) à l’ONU » à Vienne, a indiqué la porte-parole de l’UE, Catherine Ray, sur son compte Twitter, utilisant la désignation européenne du groupe P5+1 (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne).

La nuit de lundi a mardi a été marquée par une intense activité diplomatique au palais Coburg qui abrite les négociations depuis le 27 juin.

A minuit, les ministres des grandes puissances ont participé à une réunion plénière, juste après un nouvel échange entre l’Américain John Kerry et le Russe Sergueï Lavrov, principaux artisans du futur accord.

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Officiellement, toutefois, celui-ci n’est pas encore formellement conclu.

Bataille ferme jusqu’à la dernière minute

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Les négociateurs ont bataillé jusqu’à la dernière minute pour résoudre de derniers « points de désaccord », selon les termes de Josh Earnest, porte-parole du président américain Barack Obama.

Depuis le week-end, tous les acteurs assuraient que l’accord était quasi bouclé mais que des « décisions politiques » restaient nécessaires.

« Aucun accord ne peut être parfait », a rappelé le ministre chinois Wang Yi, revenu spécialement dans la capitale autrichienne, pour les dernières heures de la négociation aux côtés de l’ensemble de ses homologues.

L’accord, s’il est confirmé, se sera fait attendre: il était initialement prévu pour le 30 juin, mais cette date a été repoussée à plusieurs reprises en raison de l’importance des enjeux.

Liesse à Téhéran

L’Iran est soupçonné d’avoir mis en oeuvre, jusqu’en 2003 et peut-être au-delà, un programme nucléaire militaire sous couvert d’activités civiles ce qu’il a toujours nié.

Depuis une dizaine d’années, les Etats-Unis, l’Union européenne et l’ONU imposent des sanctions à la République islamique pour la forcer à négocier.

Les pourparlers n’ont vraiment commencé qu’en 2013 après l’élection du président Hassan Rohani sur la promesse d’une levée des sanctions.

En avril, à Lausanne, les négociateurs ont obtenu à l’arraché un accord-cadre qui a fixé les grands principes du texte final.

L’Iran a notamment accepté de réduire le nombre de ses centrifugeuses et son stock d’uranium enrichi, ce qui doit rendre quasi impossible la fabrication rapide d’une bombe atomique.

En prévision de l’accord, le ministre iranien de l’Intérieur a demandé aux autorités locales de se préparer à des scènes de liesse dans les rues, la population espérant que la levée des sanctions internationales permette une amélioration de ses conditions de vie en cas d’accord.

« Mauvais accord », selon Israël

La séquence de pourparlers viennois représente l’un des plus longs cycles de négociations internationales, au niveau ministériel et en un seul lieu, depuis celui qui a abouti aux accords de Dayton (Etats-Unis) ayant mis fin en 1995 à la guerre en Bosnie-Herzégovine.

Les discussions se sont éternisées en raison de désaccords sur la durée de l’accord, le rythme de la levée des sanctions ou l’accès aux sites militaires iraniens.

Les négociations ont également buté sur la levée de restrictions sur le programme balistique et le commerce des armes, réclamée par Téhéran avec le soutien de Moscou.

Les Occidentaux jugent cette demande délicate en raison de l’implication iranienne dans plusieurs conflits, en particulier en Syrie et en Irak.

Les voisins de l’Iran, notamment Israël et les puissances sunnites, s’opposent d’ailleurs à un accord qui ouvre la voie à une normalisation pour Téhéran sur la scène internationale.

Même en cas d’amélioration de dernière minute, l’accord sera « mauvais », a redit lundi le ministre israélien de la Défense, Moshe Yaalon, évoquant le risque d’une « course aux armements nucléaires » dans la région.

Aux Etats-Unis, où le souvenir de la prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran en 1980 reste vivace, l’accord rencontre aussi une forte opposition.

« Il faut que cet accord soit robuste et réversible et que l’Iran se prête aux inspections nécessaires pour éviter tout retour en arrière sur la non-prolifération », a estimé pour sa part le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sur l’antenne de la radio RTL mardi matin.

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