La Libye offensée par le « mur de sable » voulu par les autorités tunisiennes
Après l’attaque de Sousse, Tunis a annoncé une série mesures pour lutter contre le terrorisme, dont la construction d’un mur à la frontière libyenne. Chez le voisin, cette décision suscite les critiques.
Après l’attaque meurtrière qui a fait 38 morts et presque autant de blessés à Sousse, le 26 juin, la Tunisie déclare la guerre au terrorisme. Le gouvernement a annoncé une série de mesures pour lutter plus efficacement contre le terrorisme. Parmi elles, une décision plutôt inattendue : la construction d’un mur de sable. Celui-ci s’étendra sur près de 220 kilomètres sur les 500 que compte la frontière entre la Tunisie et la Libye, du poste frontalier de Ras Jdir à de Dhiba.
Le but ? Mieux contrôler le trafic frontalier de marchandises et d’individus. Les autorités tunisiennes veulent empêcher l’entrée d’armes, mais également éviter aux Tunisiens de traverser la frontière pour aller s’entraîner dans des camps jihadistes en Libye. Car, comme les deux assaillants du musée du Bardo, Seifeddine Rezgui, le responsable de l’attaque de Sousse s’est formé au maniement des armes en Libye.
Une décision « unilatérale »
Du l’autre côté de la frontière, la construction du mur est vivement critiquée par le gouvernement de Tripoli, affilié à Fajr Libya. Certes, le gouvernement n’est pas reconnu par la communauté internationale, mais c’est celui qui partage ses frontières avec la Tunisie.
Dans un communiqué publié le 14 juillet, il déplore la décision prise par Tunis de « façon unilatérale et qui ne sert pas la stabilité et la sécurité des deux pays ». « La Libye souffre également du terrorisme, elle en est victime tout comme la Tunisie. Toute action pour sécuriser la frontière devrait être le résultat d’un dialogue et d’une coordination entre les deux pays », a déclaré le gouvernement dit de Salut national.
Le Premier ministre tunisien, Habib Essid, a dit de la Libye qu’elle était le « plus grand dilemme » auquel fait face la Tunisie
« Nous déplorons les accusations de terrorisme que les responsables tunisiens portent envers le peuple libyen, avant même de mener l’enquête. Cela détériore les relations entre les deux pays », a ajouté le porte-parole.
Une mesure coûteuse et inefficace ?
Les officiels tunisiens ont en effet pointé du doigt la Libye à plusieurs reprises suite aux attaques du Bardo et de Sousse. Le Premier ministre tunisien, Habib Essid, a dit de la Libye qu’elle était le « plus grand dilemme » auquel fait face la Tunisie. « La porosité des frontières fait entrer armes et terroristes et c’est la Tunisie qui doit faire face à tous ces défis », avait également déclaré le président Béji Caid Essebsi lorsqu’il a annoncé l’état d’urgence le 4 juillet.
Les relations entre le gouvernement de Tripoli et les autorités tunisiennes n’étaient déjà pas au beau fixe et ne risquent pas de s’arranger. La Tunisie qui se range du côté de la communauté internationale reconnaît seulement le gouvernement de Tobrouk basé à l’est du pays.
Les frontières entre les deux pays restent pour le moment ouvertes et la construction du mur qui a déjà commencé devrait être finalisée en décembre 2015.
Si la mesure est critiquée par la Libye, elle ne fait pas l’unanimité en Tunisie non plus, où elle est jugée trop coûteuse et inefficace.
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