Maroc : attentat à la souris ?
Largement ciblés par le jihadisme, les Africains prennent peur à la moindre occasion. Une souris vient de semer la panique dans la Grande mosquée Hassan II de Casablanca…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 16 juillet 2015 Lecture : 2 minutes.
C’est un fait désormais avéré : en matière d’actes terroristes à caractère islamiste, les Africains ne sont plus seulement les victimes collatérales. Ils en sont parfois les cibles originelles, notamment les plus fervents musulmans d’entre eux. Dans les zones du continent où se développe un jihadisme plus ou moins tropicalisé, la psychose commence à s’installer, elle qui ne saisissait le passant qu’à l’approche d’une chancellerie occidentale.
Non seulement la liste des lieux à danger terroriste n’est plus facile à circonscrire, mais celle des suspects n’est plus simple à cerner. Comment vivre en évitant les marchés populaires ? Comment se rassurer avec un soupçon au faciès, quand les kamikazes sont mineurs ou dissimulés sous une burqa ? La devise « Les femmes et les enfants d’abord » serait-elle devenue celle de Boko Haram dans sa stratégie de la terreur ? La secte islamiste féminise ses auteurs d’attentats-suicides, quand elle ne les effémine pas. Désormais, ce sont parfois des hommes déguisés en femmes qui se font exploser. Quand une croisade moralisatrice est menée par des travestis…
Si l’animal suspect n’a pas pu être interrogé, il a justifié des déclarations des services de police du Grand-Casablanca
« Celui qui a été mordu par un serpent a peur d’une corde », dit le proverbe. « Celui qui craint le terrorisme a peur d’une souris », pourrait-on ajouter, après la mésaventure que viennent de connaître les fidèles de la mosquée Hassan II de Casablanca. En pleine Layalat al qadr, dans la nuit de lundi à mardi, un rongeur impudent rejoint la forte affluence de musulmans. En pleine prière, il s’introduit dans l’aile de la mosquée réservée aux femmes. Il effleure le pied d’une fervente, provoquant une panique contagieuse. Une partie des priantes détale et les cris couvrent le son de la sonorisation. Des hommes, considérant sans doute que la confiance en Allah n’exclut pas la prudence, prennent à leur tour la tangente, grossissant un mouvement de foule qui a tôt fait de ressembler à une débandade devant un attentat terroriste. Le bruit provoqué par la chute d’une enceinte renversée finit d’ajouter une sonorité explosive à cette dramaturgie paranoïaque…
Le bilan est de 81 blessés, dont une femme enceinte à la jambe brisée. Si l’animal suspect n’a pas pu être interrogé, il a justifié des déclarations des services de police du Grand-Casablanca, ainsi que de la wilaya, la division administrative de la région. Il a fallu démentir un attentat, mais aussi une explosion due à un court-circuit et un phénomène de vague-submersion venue du littoral.
Sur les réseaux sociaux, comme de bien entendu, la dimension rocambolesque du fait-divers a déjà inspiré les internautes. Ici, un photomontage montre une souris affublée d’une ceinture d’explosifs. Là, un rongeur de bande dessinée, dans la posture de James Bond, indique se nommer « Madan », avant de préciser « Rat Madan ». Ailleurs, C’est le « Ratatouille » du long-métrage des studios Pixar qui, dans une version géante, trône sur la mosquée Hassan II comme King Kong sur l’Empire State Building.
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