Les liaisons dangereuses de Habré : les États-Unis glorifient le guerrier (2/5)

La liste de ceux qui ont aidé Hissène Habré à imposer son joug aux Tchadiens est longue. Les fantômes de François Mitterrand, Ronald Reagan, Ariel Sharon, Saddam Hussein ou encore Mobutu Sese Seko seront-ils convoqués à la barre ? Deuxième épisode : la relation avec Washington.

Le 19 juin 1987, Ronald Reagan le reçoit à la Maison Blanche, dans le Bureau ovale. © Jean-Louis Atlan/Corbis

Le 19 juin 1987, Ronald Reagan le reçoit à la Maison Blanche, dans le Bureau ovale. © Jean-Louis Atlan/Corbis

Publié le 20 juillet 2015 Lecture : 1 minute.

Hissène Habré et François Mitterrand, le 21 octobre 1989, à Paris. © AFP
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Hissène Habré : de Mitterrand à Saddam, quand l’étranger soutenait la répression au Tchad

François Mitterrand, Ronald Reagan, Ariel Sharon, Saddam Hussein ou encore Mobutu Sese Seko… La liste des soutiens étrangers de l’ancien président tchadien Hissène Habré, dont le décès a été annoncé ce mardi 24 août, est longue. Retour, en série, sur ces encombrantes alliances.

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Habré a été, tout au long des années 1980, une pièce maîtresse de la guerre secrète menée par l’administration américaine contre Kadhafi, et jugée prioritaire par le président Ronald Reagan. Malgré son discours anti-impérialiste, la CIA l’a vite repéré et l’a même surnommé « le guerrier du désert par excellence ». Alarmée par l’alliance Goukouni-Kadhafi, elle lui envoie des experts, puis des armes et de l’argent dans le maquis, près de la frontière avec le Soudan.

La coopération se poursuit après sa prise de pouvoir. Habré reçoit des armes via les services secrets égyptiens et soudanais. Quand la menace Goukouni réapparaît en 1983, les États-Unis se remobilisent. Selon une estimation du Washington Post, leur aide se serait élevée à 182 millions de dollars.

Le 19 juin 1987, alors que les Hadjeraïs sont matés, c’est Reagan qui le reçoit dans le Bureau ovale.

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À cette époque, « il y avait des moments où l’aéroport de N’Djamena ressemblait à Rhein-Main [base américaine en Allemagne de l’Ouest utilisée durant la guerre froide] », témoignait John Propst Blane dans une enquête du magazine Foreign Policy en 2014. L’ambassadeur américain au Tchad voyait alors Habré « au moins trois ou quatre fois par semaine ». Le 19 juin 1987, alors que les Hadjeraïs sont matés, c’est Reagan qui le reçoit dans le Bureau ovale.

L’Oncle Sam a également financé la redoutable DDS, y a détaché un conseiller et lui a proposé des formations. Ainsi, en 1985, douze Tchadiens, dont quatre de la DDS et deux de la sécurité présidentielle, effectuent un stage dans un centre d’instruction américain. Selon Bandoum Bandjim, l’un d’eux, il s’agissait d’apprendre à identifier et à manipuler les explosifs… Ce soutien aura duré jusqu’au bout. Le 25 novembre 1990, alors que les hommes de Déby fondent sur N’Djamena, Washington ne veut pas croire en sa chute et conforte Habré. Il tombera cinq jours plus tard.

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