L’argent des Africains : Hassan, soldat en Égypte – 889 euros par mois
Nous lançons notre série sur l’argent des Africains. Comment ils le gagnent ? Comment ils le dépensent ? Premier épisode : Hassan, 23 ans fait son service militaire à Port-Saïd. Titulaire d’un diplôme d’ingénieur en génie civil, il dispose d’une situation financière plutôt confortable au regard des jeunes gens de son âge.
En Égypte, les jeunes hommes de 18 à 30 ans doivent servir d’un à trois ans dans l’armée. À 23 ans, Hassan effectue sa première année. L’emploi du temps est contraignant mais la contrepartie financière alléchante dans un pays où 25% des 18-25 ans est au chômage.
Hassan prévient ne pas tenir ses comptes rigoureusement. « Je ne calcule pas mes dépenses au centime près, elles varient d’un mois à l’autre. »
Salaire mensuel : 7600 livres égyptiennes (soit 889 euros)
« C’est un salaire très attractif en Égypte » explique-il. La défense est en effet le secteur professionnel le mieux rémunéré au pays d’Abdel Fatah al-Sissi, où le salaire minimum était de 1200 livres (125 euros), en février 2014.
Entretien de ses parents : 150 euros
Hassan vit chez ses parents tout comme sa sœur et son frère âgés respectivement de 19 et 16 ans. Sa mère ne travaille pas mais le salaire de son père, lui aussi ingénieur en génie civil, subvient largement aux besoins de la famille. Hassan reconnaît avoir la chance d’être né dans une famille aisée.
« Ils n’ont pas besoin de mon soutien financier », précise le jeune homme. Pourtant chaque mois, Hassan laisse à ses parents une part de son salaire, environ un sixième, qu’il donne à sa mère.
Dépenses en carburant : 175 euros
Au premier rang des ses dépenses fixes figurent les frais de carburant. Il dépense en moyenne 1500 livres d’essence par mois (environ 20% de son salaire). « Cela représente beaucoup mais il faut dire j’utilise ma voiture pour tous mes déplacements, admet-il. J’adore la conduire, pendant des heures, quand j’ai le temps. »
À sa sortie de l’université de Port-Saïd, à 22 ans, Hassan a travaillé un an pour s’offrir une voiture de marque allemande (qui consomme beaucoup).
Dépenses courantes : 230 euros
À part son amour des cylindrés, Hassan apprécie le shopping et peut dépenser jusqu’à 150 euros en t-shirts et autres shorts ou chaussures – même s’il admet que c’est un maximum. Son forfait de téléphone peut lui coûter entre 350 et 700 livres par mois (40 à 80 euros), selon sa consommation d’internet.
Alimentation et loisirs : 0 euro
Levé à 4 heures du matin, tous les jours sauf le vendredi, Hassan entame son entraînement physique, en plus de l’entraînement de l’armée qui suit à 7 heures du matin. « Je le fais en bonus, pour m’assurer une très bonne condition physique. » Sportif, il s’entraîne chez lui en visionnant des vidéos Youtube qui donnent à voir sur fond d’incantations guerrières, l’entrainement des soldats égyptiens. « Je ne dépense rien dans l’entretien de ma forme, je cours, je nage beaucoup aussi .»
Il se nourrit également gratuitement à la cantine de l’armée, le midi, ou chez lui. « Ma mère est une cuisinière de rêve, je cuisine même avec elle », assure-t-il.
Les journées à l’armée son longues et le temps de repos trop court. « Je ne dors que 4 heures par nuit », déplore-t-il. Dans l’année, il peut néanmoins compter sur 17 jours de vacances en plus des deux jours fériés accordés pour les fêtes de l’Aïd. Hassan n’a jamais quitté Port-Saïd à l’exception de ses années qu’il a passées à l’Université allemande du Caire. Pendant ses congés, il écume les plages de Port-Saïd qu’il connaît par cœur.
Dépenses non contrôlées : les sorties
Comme tous les jeunes de son âge, Hassan aime sortir, la nuit, entre amis. Le vendredi, quand il le peut, il fait la tournée des bars. Mais il le jure, musulman pratiquant, il ne boit pas et ne fume pas. « On s’amuse entre hommes, on va au fast-food, on écoute de la musique. » Des activités peu coûteuses qu’il évalue à environ 35 euros par mois. Pour écouter ses artistes favoris, il a recours à la plateforme SoundCloud depuis laquelle il accède gratuitement sur son iPhone à l’intégralité des musiques du moment. Du rap US aux musiques lyriques égyptiennes, en passant par la pop libanaise et son artiste préféré : Massouny.
Auparavant, Hassan fréquentait souvent les salles de cinéma de Port-Saïd, où le prix d’une séance avoisine les 35 livres (4 euros). Mais depuis qu’il a rejoint l’armée, il n’a plus le temps d’y aller.
Épargne mensuelle : un tiers de son salaire
S’il se dit plutôt dépensier, en moyenne, il s’arrange tout de même pour mettre de côté environ un tiers de son salaire (300 euros). Une somme considérable pour un jeune de son âge. « Tous mes amis ne sont pas aussi privilégiés », affirme-t-il.
Futur salaire d’ingénieur : 290 euros
En fin d’année prochaine, Hassan aura le choix de poursuivre une carrière dans l’armée ou non. Le choix sera compliqué : il risque de gagner beaucoup moins d’argent dans le civil. En début de carrière, le salaire d’un ingénieur en génie civil tourne autour de 2500 livres (290 euros). « Au fur et à mesure de leurs carrières, ils peuvent espérer toucher 3000 livres voire plus s’ils intègrent une grande entreprise », nous explique Hassan. Loin des 7600 livres de traite mensuelle offerts par l’armée…
Taux de conversion au 24 juillet 2015 : 1 livre égyptienne = 0,12 euros
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