Burundi : les négociations continuent à trois jours de la présidentielle

Les acteurs de la crise burundaise, qui discutent depuis mercredi à Bujumbura sous l’égide d’un médiateur ougandais, ont commencé samedi à aborder les sujets de fond, à moins de trois jours de la présidentielle du 21 juillet dont l’opposition exige le report.

Des militaires escortent le convoi présidentiel, le 17 juillet 2015 à Cibitoke. © Carl de Souza/AFP

Des militaires escortent le convoi présidentiel, le 17 juillet 2015 à Cibitoke. © Carl de Souza/AFP

Publié le 18 juillet 2015 Lecture : 3 minutes.

Les discussions ont commencé en milieu de matinée sur la « sécurité dans le pays et le retour des réfugiés », les plus de 150.000 Burundais ayant fui dans les pays voisins le climat pré-électoral délétère créé par la crise née fin avril de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat que ses adversaires jugent contraire à la Constitution.

Le calendrier électoral, contesté par les adversaires de M. Nkurunziza qui réclament l’annulation des législatives du 29 juin et le report sine die de la présidentielle de mardi, sera abordé ensuite, selon un délégué des opposants au troisième mandat.

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Les pays de la région ont mandaté le président ougandais Yoweri Museveni pour tenter de trouver une issue à cette crise émaillée de violences ayant fait plus de 80 morts depuis fin avril.

Le gouvernement a réussi à déjouer une tentative de coup d’Etat militaire à la mi-mai et à étouffer à la mi-juin par une brutale répression des manifestations quasi-quotidiennes à Bujumbura, mais a ensuite été confronté à une série d’attaques à la grenade et, depuis une semaine, à des combats et escarmouches entre armée et rebelles dans les régions septentrionales frontalières.

« Tous les sujets » seront abordés

Ouverts mercredi par M. Museveni qui a passé le lendemain le relais à son ministre de la Défense, Crispus Kiyonga, les pourparlers ont un temps calé sur le refus du camp présidentiel – gouvernement et parti au pouvoir CNDD-FDD – de voir figurer au menu les questions controversées du calendrier électoral et du troisième mandat du président Nkurunziza.

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Le camp présidentiel a finalement accepté sous pression de la médiation que « tous les sujets » soient abordés mais les discussions s’étaient achevées vendredi soir sans ordre du jour, les parties n’étant pas d’accord sur l’ordre dans lequel les différentes questions devaient être discutées, selon des délégués de l’opposition et de la société civile.

Il y avait « accord sur les sujets mais des divergences sur leur ‘prioritarisation’ », a indiqué samedi Charles Ntidije, figure de l’opposition.

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« Gagner du temps »

Un représentant des anti-Nkurunziza avait accusé samedi matin, avant la reprise des discussions, le camp présidentiel « de chercher à gagner du temps » en mettant en avant la question de la sécurité et des réfugiés, alors que les opposants souhaitaient parler en priorité « d’abandon du processus électoral », à moins de 72 heures de l’ouverture prévue des bureaux de vote.

Les discussions se poursuivaient samedi à la mi-journée, au dernier jour de campagne électorale, qui s’achève officiellement samedi à 16H00 GMT.

Mais trois des huit candidats officiellement enregistrés à la présidentielle ont annoncé le retrait de leur candidature, dans une lettre adressée au président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) et consultée samedi par l’AFP.

Ces élections ne sont pas en conséquence garanties de crédibilité.

Dans cette lettre, Jean Minani, président du parti Frodebu-Nanyuki (opposition), et les deux anciens chefs de l’Etat Domitien Ndayizeye et Sylvestre Ntibantunganya estiment que « l’environnement politique et sécuritaire dans lequel les élections sont organisées n’en garantit pas le caractère pluraliste, inclusif, libre, transparent ».

« Ces élections ne sont pas en conséquence garanties de crédibilité », poursuivent les trois signataires, indiquant qu’il ne prendront part qu’à des scrutins « organisés après des négociations entre les divers protagonistes afin d’en garantir la sérénité et la crédibilité ».

Le président de la Céni, Pierre-Claver Ndayicariye, n’a pu être joint samedi.

Principal opposant à M. Nkurunziza, Agathon Rwasa n’a pas pour l’heure retiré sa candidature, mais réclame toujours le report de la présidentielle et continue de dénier au chef de l’Etat le droit de briguer un nouveau mandat.

Outre MM. Nkurunziza et Rwasa, restent dans la course Jean de Dieu Mutabazi, candidat d’une coalition de la mouvance présidentielle, Gérard Nduwayo pour l’Uprona) et Jacques Bigirimana, pour les FNL.

MM. Nduwayo et Bigirimana, qui ont évincé de leurs partis respectifs les dirigeants historiques MM. Nditije et Rwasa, sont considérés jusqu’ici comme des alliés objectifs de M. Nkurunziza.

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