Petit mais costaud, le Fespam est lancé
La 10e édition du Festival panafricain de musique commence aujourd’hui à Brazzaville. Le programme est prometteur malgré un budget resserré.
Le Fespam 2015 s’annonçait sous les pires auspices. L’effondrement du prix du baril de pétrole, l’une des principales ressources du Congo Brazzaville, a conduit il y a quelques mois le gouvernement (qui supporte la quasi totalité des frais) à réduire de façon drastique le budget de l’événement. Il est passé de plus de 6 milliards à moins d’un milliards de francs CFA. Résultat, les concerts s’étalent sur cinq jours, jusqu’au 22 juillet, au lieu de huit habituellement. Et une seule scène principale a été retenue : le stade Eboué.
Selon nos informations, plusieurs têtes d’affiches ont également été biffées sur la programmation : parmi elles, J B M’ Paina, Yemi Aladé et Fally Ipupa. D’autres groupes, comme les musiciens reggae de Nzela, en France, ont été invités à venir… mais sans être payés et sans garantie de pouvoir jouer. Ils ont évidemment décliné. Le ministre de la Culture et des Arts Jean-Claude Gakosso ne cherche pas à minimiser et parle d’une « 10e édition en format réduit », mais il promet qu’elle conservera « le même éclat ».
Grands noms de la musique africaine
Parrainé par le saxophoniste Manu Dibango et l’ancienne ministre française de la Francophonie, Yamina Benguigui, le Fespam a réussi à rassembler suffisamment de grands noms de la musique africaine pour promettre un beau rassemblement populaire. D’autant que, comme à l’accoutumée, tous les concerts sont gratuits et que les mesures de sécurité ont été renforcées pour éviter des accidents tragiques comme la bousculade qui avait fait sept morts en 2011.
L’affiche de 2015 est alléchante, à commencer par l’invité spéciale de cette édition cubaine : l’orchestre Aragon. Suivent quelques valeurs sûres comme Koffi Olomidé ou Zao, mais aussi les jeunes rois de la FM comme Serge Reynaud, Flavour, J Martin, Os Destroia (« Bella ») ou le turbulent DJ Arafat. Ironiquement, certains artistes comme Fabregas, censurés à Brazza pour leurs titres trop osés (« Ya mado ») sont également de la partie.
Seule ombre au tableau, un ton général un peu monocorde. Cette édition veut célébrer « la dynamique des musiques africaines dans la diversité des expressions culturelles ». Or elle est essentiellement axée sur des genres musicaux qui font bouger les hanches sans échauffer le cerveau, le n’dombolo et le coupé-décalé. À se demander si la diversité musicale existe vraiment en Afrique… ou si les programmateurs ont des ornières.
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