En visite en Tunisie, Nicolas Sarkozy s’en prend à l’Algérie
Tunis est souvent une étape dans le parcours des candidats à la présidentielle française. Bien qu’il ne soit encore que candidat à la primaire de son parti, Nicolas Sarkozy n’y a pas dérogé et a mis ses hôtes dans l’embarras en s’en prenant à l’Algérie.
Les relations algéro-tunisiennes n’étaient déjà pas au beau fixe, mais les déclarations qu’a faites à Tunis Nicolas Sarkozy, l’ancien président français, ne vont pas les arranger.
Après son hommage aux victimes du Bardo, le 20 juillet, le président du parti Les Républicains a tenu un point presse lors duquel il a déclaré : « La Tunisie est frontalière avec l’Algérie et avec la Libye. Ce n’est pas nouveau. Vous n’avez pas choisi votre emplacement. » Autrement dit : les problèmes des Tunisiens sont à aller chercher du côté des Libyens et des Algériens…
La réaction des Tunisiens ne s’est pas fait attendre. « Il s’attaque à l’Algérie après avoir contribué à détruire la Libye », pouvait-on lire sur les réseaux sociaux. Ou encore : « S’il est président demain, il déstabilisera l’Algérie et la Tunisie sera dans de beaux draps ». Autant de réflexions qui marquent l’impopularité du candidat à la primaire de son parti. De ce côté de la Méditerranée, nul n’a oublié l’implication de la France en 2011 au moment du départ de Ben Ali, ni son rôle dans le délitement de la Libye.
Dans un contexte tendu entre Alger et Tunis, suite à la signature d’un accord stratégique entre la Tunisie et les États-Unis, en mai dernier, qui a fortement déplu aux Algériens, Sarkozy ajoute du désordre à la confusion. « L’Algérie ? Qu’en sera-t-il dans l’avenir ? C’est un sujet qui, me semble-t-il, doit être traité dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée. C’est plus que jamais nécessaire ! », a-t-il asséné, ressuscitant le fantôme d’une organisation qu’il avait contribué à créer en 2008 et qui est sortie des radars médiatiques depuis quelques années.
Comment mettre ses amis de Nidaa Tounes dans l’embarras
Attaquer la situation sécuritaire de l’Algérie était probablement une manière pour Sarkozy d’éviter les critiques directes à l’égard des autorités tunisiennes, mises à mal par les attentats sanglants de janvier et juin, ainsi que par une situation économique toujours précaire. C’est que l’UMP – devenue entre temps Les Républicains – connaît bien Nidaa Tounes, le parti au pouvoir. En octobre 2013, des dirigeants de Nidaa – dont Mohsen Marzouk, actuel secrétaire général et Ridha Belhaj, directeur de cabinet de Béji Caïd Essebsi -, avaient été mis en relation avec l’agence Optimus, grâce à l’entregent des responsables de l’UMP. Une formation en gestion de campagne avait été donnée aux Tunisiens. Ces petits services rendus permettent d’éviter que quelques écarts de langage à propos d’un partenaire encombrant se transforment en véritable incident diplomatique.
Même si les propos de Sarkozy les ont embarrassés, aucun officiel tunisien, aucun chef de parti n’a annulé les entretiens avec lui ni ne s’est élevé contre ses déclarations.
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