Présidentielle au Burundi : bilan d’une journée d’élection sous tension
Après avoir voté à Ngozi dans le nord du pays, le président Nkurunziza a appelé les Burundais à se rendre aux urnes alors que des barricades de pierres ont été érigées dans le quartier Nyakabiga à l’est de Bujumbura.
« Le pays est paisible et les élections sont une occasion pour les populations de choisir leur leader », a déclaré sur son compte Twitter le président Pierre Nkurunziza, contesté par l’opposition, la société civile et la communauté internationale.
Pourtant, à Bujumbura, la nuit qui a précédé le scrutin a été caractérisée par des tirs et des explosions de grenade dans les quartiers de Nyakabiga (est) et Mutakura (nord), faisant deux morts dont un policier. « Nous sommes restés chez nous, nous avons peur de sortir à cause du nombre impressionnant de policiers », confie une habitante de Rohero, proche du centre de la capitale.
Toujours à Bujumbura, dans les quartiers du nord de Mutakura, Cibitoke et Ngagara, les forces de l’ordre chargées de sécuriser le vote étaient les seules à se présenter dans les urnes. « Nous n’avons pas dormi de toute la nuit à cause des coups de feu. Pour quelle raison irai-je voter pour un président qui ne se soucie que de ses intérêts ? » s’interroge Éric, un habitant de Mutakura.
Mais à Kamenge, considéré comme le « quartier général » des Imbonerakure, l’organisation de jeunesse du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, la réaction était autre. Les électeurs n’ont pas manqué le rendez-vous électoral et étaient nombreux dans les bureaux de vote. Ceux qui se sont rendus aux urnes s’acharnaient néanmoins sur leur doigt imbibé d’encre pour effacer toute preuve afin d’échapper aux menaces proférés par les habitants de Bujumbura, fief de la contestation anti-Nkurunziza depuis Avril 2015.
Très peu d’électeurs au centre du pays
Dans les provinces du pays, l’affluence électorale n’était pas non plus de mise. À Gisozi, dans la province Mwaro, fief du parti Uprona, qui présente un candidat aux présidentielles, les électeurs se sont présentés au compte-gouttes. « Le taux de participation ne pourra pas atteindre les 22% enregistrés lors des élections législatives », a déclaré un membre de la commission électorale au niveau communal.
Dans d’autres localités de l’intérieur du Burundi, à Gitega, au centre du pays, peu de votants se sont présentés au scrutin, à Bururi (sud) très peu d’électeurs se sont rendus aux urnes. L’élection présidentielle s’est déroulée sans incident dans la zone de Kiremba mais les votants n’étaient pas nombreux à répondre à l’appel, selon un observateur sur place : « Jusqu’à 12h30, 83 électeurs s’étaient présentés sur les 1488 attendus dans 5 bureaux de vote », informe-il.
Pas d’indication sur le taux de participation pour le moment
Tous ces chiffres relevés sur terrain ne permettent pourtant pas de déterminer, ni les tendances ni le taux de participation. Selon la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), il est difficile de s’exprimer sur le taux d’affluence avant la fin du vote. « On ne peut jamais annoncer les résultats de la participation dès lors que le dépouillement n’a pas encore eu lieu », a précisé Pierre Claver Ndayicariye, président de la commission. Un dépouillement prévu vers 17h (15GMT) à la fermeture de tous les bureaux.
Les partis de l’opposition et la société civile qui contestent la candidature de Nkurunziza s’accordent à dire que le gagnant est connu à l’avance. « Nul doute que Pierre Nkurunziza va briguer le mandat de tous les risques », confie un ancien journaliste.
Alors que les bureaux de vote viennent de fermer, la communauté internationale commence à réagir. La Belgique regrette les conditions de la tenue de ces élections quand Washington les qualifie de « non crédibles ».
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...