La présidence du Gabon a lancé un site anti-rumeurs

Ali Bongo Ondimba s’est doté d’une arme pour lutter en ligne contre la propagation de rumeurs. Lancé le 17 juillet, Stop kongossa est animé par son équipe de communication et vise à « rétablir la réalité des faits ». Sa vérité, donc.

Stop-Kongassa © La présidence gabonnaise lance son site « anti-rumeur » / Capture d’écran

Stop-Kongassa © La présidence gabonnaise lance son site « anti-rumeur » / Capture d’écran

Publié le 23 juillet 2015 Lecture : 3 minutes.

Las des rumeurs qui empoisonnent la vie politique du Gabon, la présidence a décidé de lancer Stop kongossa, comprenez « stop aux commérages ». Pour lutter contre les cancans bien en vogue à Libreville, rien de tel que nourrir le buzz soi-même ?

Dans tous les cas, la stratégie est claire : on est loin des discours politiques ou des communiqués archaïques. À base d’infographies, de statistiques et de captures d’écran, l’équipe de communication du président Ali Bongo Ondimba ficelle un web-argumentaire sous forme d’articles informés pour redorer son blason.

Le site stop Kongossa utilise des infogrpahies © Le site gabonnais Stop-Kongossa utilise des infographies et d’autres armes du web pour « rectifier la vérité » / Capture d’écran

Le site stop Kongossa utilise des infogrpahies © Le site gabonnais Stop-Kongossa utilise des infographies et d’autres armes du web pour « rectifier la vérité » / Capture d’écran

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L’une des rumeurs à laquelle il veut tordre le cou, par exemple : le Gabon serait un pays qui bafouerait la liberté d’expression et de la presse. La riposte en ligne est argumentée : « Le Gabon, qui a gagné 31 places depuis 2009, dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans Frontières en 2015, présente un paysage médiatique diversifié avec 39 titres de presse, 16 sites d’information en ligne, 13 chaînes de télévision et plus d’une vingtaine de radios. »

Au passage, l’internaute est invité à répandre lui-même cette bonne parole sur la toile. En un clic, il peut donner son avis sur la satisfaction de l’explication. Comme la devise du site l’indique : tout est bon pour “rétablir la réalité des faits face à des rumeurs qui portent atteinte à l’image du Gabon, de l’État gabonais, de son peuple et de ses représentants”.

Le site Stop-Kongossa demande l'avis des internautes © Le site gabonnais Stop-Kongossa demande l’avis des internautes / Capture d’écran

Le site Stop-Kongossa demande l'avis des internautes © Le site gabonnais Stop-Kongossa demande l’avis des internautes / Capture d’écran

Le bad buzz généré par la visite de la star du football, Messi, à Libreville le week-end dernier a également fait l’objet d’une longue précision, dans laquelle est démentie le versement d’argent au footballeur pour sa visite. Une bonne occasion pour la communication présidentielle de détailler également tous les bienfaits que la CAN 2017 ne manquera pas d’apporter aux Gabonais…

Obama, Hollande… Les dirigeants politiques ont adopté la stratégie de la riposte en ligne

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Si l’initiative de la présidence gabonaise fait figure de précurseur sur le continent africain, il a probablement été puiser son inspiration de l’autre côté de l’Atlantique. Dès 2008, l’équipe de Barack Obama avait lancé le site FighttheSmears (« combattre les éclaboussures »). Pour contrer les nombreuses attaques dont était victimbe Obama lors de sa campagne présidentielle notamment sur sa religion ou ses origines -, le site recense un à un “les mensonges” pour les mettre en regard “de la vérité”.

En France, l’équipe de communication de François Hollande utilise pareillement les armes du web pour dégonfler les rumeurs et tenter de montrer l’action gouvernementale sous de plus beaux atours. Le site Bilan-engagements fait état de l’avancée des engagements de François Hollande, souvent source d’interrogation quant à leur réalisation. Une chronologie interactive relate l’agenda du président, une stratégie pour faire la part belle aux accusations de mollesse dont il est victime.

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La Chine n’est pas en reste. À l’initiative de l’équipe de communication du dirigeant Xi Jinping, six grands sites chinois ont lancé un portail commun dédié à l’éradication de rumeurs en ligne. Busting (« le site de démystification de rumeurs ») permet aux utilisateurs de transmettre un contenu suspect pour vérification. Le site, avec l’aide du gouvernement chinois, émettra alors une version «correcte» de l’information.

Tourner la page d’une communication « à la papa »

Avec ces sites anti-rumeurs, les gouvernants africains commencent donc à se saisir d’un outil que certains de leurs opposants ont appris plus rapidement à maîtriser. Ils sont encore loin aujourd’hui de tourner la page d’une communication politique “à l’ancienne”, faites de conférences de presse, de communiqués ou de meetings. Mais ils ne peuvent plus négliger le potentiel d’une communication via le web et investissent progressivement la Toile, pour se rapprocher de leurs citoyens, devenus bien avant eux des internautes aguerris.

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