GFI au chevet des PME camerounaises

Le holding Global Free Investment (GFI), basé à Paris, chapeaute deux structures basées au Cameroun : Millenium, une société de gestion et de conseil, et Idev, un institut de microfinance (IMF). La Camerounaise Anne-Éliane Nana, présidente de GFI, répond aux questions de Jeune Afrique.

Anne-Éliane Nana a développé une expérience d’investisseur en participant à la création de plusieurs entreprises au Cameroun. DR

Anne-Éliane Nana a développé une expérience d’investisseur en participant à la création de plusieurs entreprises au Cameroun. DR

Publié le 23 octobre 2012 Lecture : 3 minutes.

Jeune Afrique : comment en êtes-vous venus à créer GFI ?

Anne-Éliane Nana : Nous avions pour premier objectif d’accompagner les entrepreneurs camerounais. Nous sommes partis du constat qu’ils ont besoin de plus de fonds après une première période de croissance. Or les banques locales sont frileuses et peinent à redistribuer l’épargne collectée tandis que les instituts de microfinance (IMF) ne proposent bien souvent que des montants insuffisants. C’est le fameux problème du chaînon manquant. La solution traditionnelle de la tontine reste la plus répandue pour développer une entreprise. Bien que ses adeptes vantent la facilité de sa mise en œuvre, elle comporte des désavantages sérieux ; notamment elles ne permettent pas de sécuriser l’investissement en plus d’être onéreuse. Autre difficulté récurrente : les entreprises ont du mal à bénéficier de prêts car il existe souvent un manque de rigueur dans leurs états financiers. La solution de la tontine ne les pousse pas à se structurer.

La solution traditionnelle de la tontine reste la plus répandue pour développer une entreprise. 

Comment avez-vous commencé à travailler ?

Au début nous voulions seulement faire de l’intermédiation, mais nous nous sommes vite rendus compte que nous devions accompagner les entreprises sur le terrain si nous voulions travailler avec succès. C’est pourquoi nous avons créé Millenium Management en juin 2009, une structure de conseil (audit, intermédiation, tour de table, levée de fonds, due diligence, etc) qui emploie déjà sept professionnels. Dans le même temps, nous avons commencé à mettre en place notre propre IMF, qui s’adresse prioritairement aux PME. Deux ans plus tard, en avril 2011, nous obtenions l’agrément des autorités de régulation. Entre temps, nous avions levé 1,5 millions d’euros à travers GFI, ce qui nous a permis de démarrer immédiatement notre activité de crédit.

Qui sont vos limited partners ?

Notre parrain est Yannick Noah, qui a été mon premier soutien. Mais il y a aussi Guillaume Silve, qui nous apporte, avec plusieurs autres personnalités du monde des affaires, qu’elles soient françaises ou camerounaises, son expérience, ses réseaux et ses financements. Je tiens à préciser que nous n’en sommes là que grâce au travail d’équipe et remercie tous mes premiers associés de leur soutien indéfectible.

Nous souhaiterions privilégier les sociétés actives dans la transformation agricole et industrielle.

Quel genre de dossiers traitez-vous ?

Depuis, nous avons déjà financé 214 dossiers et détenons actuellement un encours global de prêts de 550 000 euros. Les prêts accordés tournent entre 3 500 et 5 000 euros en moyenne, mais peuvent atteindre 35 000 euros. Nous nous adressons à tous les secteurs, même si nous souhaiterions privilégier dans une seconde phase les sociétés actives dans la transformation agricole et industrielle, comme par exemple la fabrication de jus de fruit ou de savon… car ce sont elles qui apportent de la valeur ajoutée à l’économie locale. Ce sont des entrepreneurs qui sortent tout juste de l’artisanat et ne possèdent que deux ou trois machines.

Vos activités sont-elles rentables ?

Nous sommes sur un marché très concurrentiel et, en tant que nouvel entrant, nous nous adressons à des sociétés très peu structurées. La nature même des gens avec qui nous travaillons représente en soi un danger. Il suffit que l’entrepreneur souffre du paludisme pendant une semaine et le prêt est en danger. Mais au total, nous parvenons à maintenir le taux de défaillance entre 5 et 10%. Nous avons atteint l’équilibre opérationnel il y a peu, mais il est encore fragile et les efforts doivent être maintenus dans la planification de la croissance et la maîtrise des charges.

Quels sont vos projets de développement ?

Nous préparons une levée de fonds de 5 millions d’euros début 2013, surtout pour renforcer les fonds de crédit de Idev. Mais nous voulons aussi lancer une troisième structure destinée à renforcer les fonds propres des PME auxquelles nous prêtons et qui sont quasi systématiquement sous-capitalisées. Ce fonds d’investissement de 5 millions d’euros essaiera d’adapter les pratiques du private equity aux spécificités de la micro économie locale, sans perdre de vue sa rentabilité. Nous voudrions lancer ce fonds d’ici à la fin 2013 et sommes en contact avec Investisseurs & Partenaires, la société d’impact investment dirigée par Jean-Michel Sévérino qui pourrait être notre principal partenaire.

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Si j’avais un seul message à faire passer, je dirais aux jeunes créateurs d’entreprise (qu’ils soient africains ou d’ailleurs) de ne pas se lancer tout seul dans la création et de cultiver l’esprit d’équipe qui apporte la complémentarité et rend plus fort.

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