Wallonie : des TIC pour l’Afrique

Audiovisuel, santé, formation, mobilité et environnement… Les scientifiques et industriels wallons s’illustrent dans cinq domaines clés où ils développent des applications aussi diverses qu’innovantes.

Test de lunettes 3D au forum international des TIC, à Liège. © Colin Delfosse/Out Of Focus

Test de lunettes 3D au forum international des TIC, à Liège. © Colin Delfosse/Out Of Focus

Publié le 5 novembre 2012 Lecture : 6 minutes.

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont révolutionné et continuent de révolutionner le quotidien. Leurs applications futures doivent permettre de relever de nouveaux défis, sur les plans tant socioéconomique que culturel. À cet égard, les scientifiques et entrepreneurs wallons, qui organisent leurs travaux de recherche et de développement industriel autour de cinq domaines clés – audiovisuel et médias, santé, éducation et formation, environnement, mobilité et transports – imaginent des applications dont l’impact est loin d’être négligeable. Petit aperçu…

Audiovisuel & médias

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Twist donne le tempo

Réseau d’excellence regroupant les acteurs wallons de l’audiovisuel et du multimédia, le pôle de compétences Technologies wallonnes de l’image, du son et du texte, alias Twist, compte plus de 100 membres : entreprises, prestataires de services, centres de formation ou de recherche, universités, associations professionnelles.

Plusieurs entreprises wallonnes font référence à l’échelle mondiale. Les caméras aériennes de Flying-Cam sont utilisées par les studios Pixar et Disney, la technique de ralenti extrême d’I-Movix est employée par les réalisateurs- monteurs et les industriels du monde entier, tandis qu’EVS, leader du marché de l’équipement des cars de régie et du ralenti télévisuel, couvre les plus grands événements sportifs de la planète (Tour de France, Euro de football, Jeux olympiques…) grâce à ses serveurs permettant de traiter des images en direct. Il y a aussi des spécialistes des jeux vidéo, comme Fishing Cactus, et des groupes de traitement des données et de l’image tel Iris, qui produit des programmes de reconnaissance optique.

De plus en plus actif au Maghreb et au Moyen-Orient, le studio d’animation DreamWall vient d’ouvrir un bureau en Jordanie.

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Quant au studio d’animation graphique DreamWall, né d’un partenariat (au sein de Média Participations) entre Dupuis et la Radio-Télévision belge de la communauté française (RTBF), il met en couleurs, crée des images en 2D et en 3D, réalise des effets spéciaux et des décors virtuels. « Plus économe et très performant, le studio virtuel a le vent en poupe », confie Thibault Baras, directeur général de DreamWall. Pour développer ses activités au Maghreb et au Moyen-Orient, la société a ouvert un bureau à Amman (Jordanie) en juillet. « Nous avons déjà des clients en Tunisie, en Jordanie et à Bahreïn, reprend Thibault Baras, et nous avons vendu des décors virtuels pour un programme sur le ramadan à une chaîne jordanienne. Même chose pour le Grand Prix de formule 1 à Bahreïn. En Jordanie, nous allons former cinq ou six graphistes aux techniques de création virtuelle. » DreamWall vient également d’être sollicité par des sociétés de production au Nigeria et au Botswana.

Comme l’explique Pierre Collin, directeur exécutif de Twist : « Nous avons créé un groupe de travail spécifique à l’Afrique et au Moyen-Orient pour y détecter des besoins dans les domaines du cinéma, de la télévision et des nouveaux médias, afin d’y faire intervenir nos entreprises les plus performantes et les mieux adaptées aux besoins et aux marchés locaux. Les missions déjà effectuées en Tunisie et au Maroc ouvrent des perspectives commerciales. Et, début novembre, nous allons au Burundi pour participer au Sefor, le rendez-vous annuel international des radios-télévisions d’expression française, dans une optique business. »

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Santé

Suivi à l’hôpital et à domicile

Parmi les nombreux chantiers en cours du Centre d’excellence en technologies de l’information et de la communication (Cetic), le projet Amacs, financé par la région wallonne, pourrait intéresser beaucoup d’États africains, dont le Rwanda, comme le souligne Jimmy Nsenga, 33 ans, ingénieur senior en R&D au Cetic originaire du pays des Mille Collines, où il a vécu jusqu’en 1999. « Amacs doit permettre le suivi médical à distance des personnes âgées afin qu’elles vivent chez elles le plus longtemps possible, explique Jimmy Nsenga. Je suis en contact avec l’université Carnegie-Mellon du Rwanda, qui souhaite mettre en oeuvre un projet de ce type pour les personnes âgées dans les villages isolés. Nous allons partir d’Amacs pour créer des points d’accès dans ces villages. »

L’objectif d’Amacs est que les plus âgés puissent rester chez eux, même dans les villages les plus isolés.

Créée en 2003 avec l’appui de plusieurs universités, la société Polymedis a quant à elle conçu un système de dossier patient informatisé complet (dossier infirmier, dossier médical, prescriptions…) utilisé en Belgique, en France et au Luxembourg. « L’entreprise vient d’intégrer xperthis, nouvelle société spécialisée dans les TIC pour la santé, une étape vers toujours plus de performances », explique Olivier Lequenne, fondateur de Polymedis.

Formation

L’avant-garde du savoir

Comme le rappelle Bruno Schröder, expert en éducation au Microsoft Innovation Center de Mons, « l’utilisation des TIC dans l’apprentissage réduit la fracture numérique et rend possible la diffusion de l’e-learning ». Pour preuve, le logiciel libre de formation et de travail collaboratif Claroline, créé par l’université catholique de Louvain (UCL), est diffusé gratuitement et est disponible en 36 langues. Parmi les membres du consortium pilote de Claroline, on compte l’université Mohammed-Premier d’Oujda, au Maroc.

En RD Congo, Wallonie-Bruxelles International (WBI) soutient le projet du Centre de documentation de l’enseignement supérieur, universitaire et de recherche de Kinshasa (Cedesurk), qui participe au programme de développement et de désenclavement numériques de sept universités congolaises (UniversiTIC) et à leur interconnexion (Eb@le).

L’Agence universitaire de la francophonie (AUF) s’y est associée en ouvrant un campus numérique francophone et, de son côté, le WBI soutient l’Initiative francophone pour la formation à distance des maîtres (Ifadem) aux côtés de l’AUF, qui, via les TIC, permet de moderniser les méthodes pédagogiques.

Enfin, Technocité, le centre de compétences pour les TIC et les médias digitaux basé à Mons, propose quelque 300 modules de formation, grâce à des « équipements de pointe et à une équipe de plus de 80 experts », précise Pascal Keiser, son directeur. La démarche du centre est axée sur l’anticipation des mutations technologiques et la multiplication des liens entre les milieux industriel et académique. Technocité assure également une veille technologique sur l’évolution des marchés et des interactions entre le public et le privé.

Transport et environnement

Systèmes modèles

L’apport de la cartographie haute résolution est considérable en matière de gestion environnementale et de développement économique. Spécialisée dans les systèmes d’information géographique (SIG) et la télédétection, la société liégeoise Keyobs aide à analyser les situations complexes, à gérer et à explorer un environnement donné. Elle a ainsi réalisé des cartes de la ville de Mbuji-Mayi, en RD Congo, pour le développement d’un réseau urbain d’eau potable. Keyobs a également numérisé une base de données minières couvrant l’ensemble du territoire de la RD Congo, ainsi qu’une base de données géologiques sur la fenêtre tectonique de Kayes, au Mali.

Parmi les fleurons du parc scientifique de Liège et de l’aérospatiale wallonne, Spacebel offre elle aussi des services d’observation de la Terre. Elle a d’ailleurs participé, au Botswana, à la conférence IST-Africa 2011, axée sur le rôle des TIC dans le développement de l’Afrique. « Nous avons contribué au succès de plus de trente missions spatiales visant à une meilleure compréhension de la Terre et de l’Univers », explique Philippe Ledent, responsable de l’unité géospatiale de Spacebel. L’entreprise a développé de nombreux systèmes d’aide à la gestion des forêts, de l’eau et des risques industriels, à l’exploitation des ressources minières et naturelles, ainsi que des systèmes d’aide à la décision afin de protéger les écosystèmes.

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