Théâtre : Étienne Minoungou est Muhammad Ali

Après une tournée africaine, l’acteur burkinabé Étienne Minoungou présente « M’appelle Mohamed Ali » jusqu’au 25 juillet à la Maison des Métallos à Paris.

Le Directeur des Récréâtrales Étienne Minoungou. © Olivier Blin

Le Directeur des Récréâtrales Étienne Minoungou. © Olivier Blin

ProfilAuteur_SeverineKodjo

Publié le 22 juillet 2015 Lecture : 2 minutes.

Jouer sur les planches Muhammad Ali, l’un des plus grands sportifs du XXe siècle. Incarner la légende du ring, devenue une icône mondiale, dont on salue aujourd’hui l’engagement contre la guerre du Vietman ou pour la défense des droits civiques des Noirs. Le pari était risqué mais l’acteur burkinabè Étienne Minoungou et le dramaturge congolais Dieudonné Niangouna, auteur de la pièce M’appelle Mohamed Ali, l’emportent…. avec malice. Déjouant les pièges que pouvait représenter un tel projet (narrer chronologiquement la vie de celui qui est né Cassius Clay, se reposer sur la ressemblance physique du boxeur et de l’acteur…), les deux complices ont opté pour un procédé théâtral efficace : la mise en abyme.

« Né pour me battre »

la suite après cette publicité

Étienne Minoungou se met en scène : il incarne un acteur africain qui va interpréter Muhammad Ali, et qui s’interroge sur son métier, sur son engagement théâtral, sa place dans le monde… en un mot : sur sa vie d’homme. Jouant avec le public, voire se jouant de lui, le Burkinabè alterne les rôles. « Je suis né pour me battre », déclare-t-il. Tantôt Étienne Minoungou, tantôt Muhammad Ali, le spectateur ne sait lequel des deux parle. Peu importe. Le destin des deux hommes n’est certes pas le même – et ne saurait l’être tant les contextes historiques et politiques sont différents – mais ils appartiennent à la même communauté, celle des hommes et des femmes qui ont à supporter, et donc à combattre, le regard malveillant des Blancs, leur pouvoir ségrégationniste ou néocolonial, celle des hommes et des femmes qui vivent quotidiennement dans leurs chairs le racisme.

Pour faire du théâtre ou de la culture en Afrique, il faut boxer la situation.

Une mise en accusation

M’appelle Mohamed Ali est une pièce politique forte qui rappelle que le racisme ne se conjugue pas au passé, que les pires ignominies que ce fléau a engendrées se vivent encore aujourd’hui ; et ce jusqu’au cœur même du pays dit « des droits de l’homme ». Il s’agit d’une mise en accusation d’un système politique et économique mondial reposant sur la suprématie blanche. La vie de Muhammad Ali, Africain-Américain qui eut à déconstruire l’image que l’Amérique blanche des années 1960 dressait des Noirs et dont chaque match de boxe était un combat derrière lequel se jouaient des enjeux politiques autres, trouve une résonance particulière sur le continent aujourd’hui. « Pour faire du théâtre ou de la culture en Afrique, il faut boxer la situation », explique le comédien qui dénonce « le contrôle de la création artistique du continent par l’Occident » et questionne : « Et vous, gouvernements africains, vous faites quoi ? »

M’appelle Mohamed Ali, de Dieudonné Niangouna, avec Étienne Minoungou, à 19h, jusqu’au 25 juillet à la Maison des Métallos. Renseignements complémentaires ici

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Muhammad Ali (g.) face à Geroge Foreman. © AFP

Boxe : 30 octobre 1974 à Kinshasa, le jour où Muhammad Ali entra dans la légende

Muhammad Ali à Moscou, en 1976. © AFP

Les mille et un visages de Muhammad Ali

Contenus partenaires