Soudan du Sud : l’armée a-t-elle écrasé des civils avec des chars ?
Selon un rapport de l’ONG Human Rights Watch, les troupes de l’armée sud-soudanaise ont écrasé des civils avec leurs chars et brûlé vifs des villageois dans le cadre de la guerre civile qui frappe le Soudan du Sud depuis un an et demi.
Les atrocités commises par les forces gouvernementales sud-soudanaises, fidèles au président Salva Kiir, recensées dans ce document publié mercredi 22 juillet auraient été perpétrées avec l’aide d’une milice de l’ethnie Bul Nuer. Le rapport fait état d’ »attaques délibérées contre des civils », constitutives de crimes de guerre, a dénoncé Human Rights Watch (HRW).
« Ils ont poursuivi les gens avec leurs tanks et une fois qu’ils les ont écrasés, ils ont fait marche arrière pour les achever et s’assurer qu’ils étaient bien morts », a expliqué une femme à l’ONG spécialisée dans la défense des droits de l’homme.
Un autre témoin, une femme de 30 ans, a assuré qu’un char avait traqué son neveu. « Nous courions tous ensemble, il a couru pour se cacher. Je l’ai vu, il a été écrasé avant d’atteindre la rivière », a-t-elle raconté à HRW.
Des civils ont notamment tenté de fuir dans des marécages pour s’échapper, mais les troupes de l’armée ont ratissé la zone à l’aide de véhicules amphibies.
Ils ont tout brûlé »
Une autre habitante a aussi affirmé que les corps de deux hommes de sa famille avaient également été retrouvés, écrasés. « Leurs corps avaient été broyés », précise cette femme qui fait partie des 174 témoignages recueillis dans l’État d’Unité (Nord) et compilés dans ce rapport de HRW intitulé .
Des victimes ont également raconté à l’ONG avoir vu des soldats castrer un homme et un adolescent de 15 ans, afin de terroriser les populations et les faire fuir leurs villages.
HRW rapporte des meurtres « de civils, hommes, femmes, mais aussi enfants et personnes âgées, pendus, fusillés et même brûlés vifs ».
Regarde comme nous allons violer ta fille »
Après plusieurs années de travail au Soudan du Sud, les auteurs du rapport qualifient de « sidérante » l’ampleur des destructions alors que des dizaines de milliers de têtes de bétail ont été volées, privant la population de sa principale source de revenus.
Dans son rapport, HRW rend également compte de 63 cas de viols mais estime qu’il ne s’agit que d’une « partie » du nombre total. « Cela inclut des viols collectifs brutaux, commis en public avec des menaces de mort », décrit le rapport.
Une femme a affirmé que le viol était devenu « banal ». « Un homme a braqué un pistolet derrière ma tête et m’a dit ‘regarde comme nous allons violer ta fille’ », raconte une victime.
« Ils m’ont fait asseoir sur le sol, à côté de l’endroit où ils ont violé ma fille et ils m’ont frappé avec un bâton. Puis, ils ont violé mon autre fille », a t-elle ajouté.
Les forces rebelles sont elles aussi accusées d’avoir commis des viols, des meurtres et, comme le gouvernement, d’avoir recruté des enfants soldats.
L’armée n’a pas souhaité répondre aux accusations de HRW. Début juillet, le gouvernement avait annoncé enquêter sur des accusations de l’ONU selon lesquelles ses troupes avaient violé et brûlé vives des jeunes filles.
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