Burundi : le décompte des voix continue au lendemain de la présidentielle
Le dépouillement se poursuit toujours au Burundi au lendemain d’une présidentielle controversée, marquée par des violences et boycottée par l’opposition et la société civile. Les résultats définitifs ne sont pas attendus avant 48 heures.
![Le décompte des voix de la présidentielle au Burundi a commencé à la fermeture des bureaux de vote mardi 21 juillet 2015. © Jerome Delay/AP/SIPA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2015/07/22/depouillement.jpg)
Le décompte des voix de la présidentielle au Burundi a commencé à la fermeture des bureaux de vote mardi 21 juillet 2015. © Jerome Delay/AP/SIPA
Mardi, le scrutin s’est ouvert dans un climat délétère au lendemain d’une nuit marquée par de violents coups de feu et d’explosions de grenades dans plusieurs quartiers de Bujumbura. Un policier a été tué et un civil, membre du parti MSD (opposition) a été retrouvé mort à Nyakabiga (est de la capitale) dans des circonstances indéterminées.
L’élection s’est déroulée dans le calme mais dans une ambiance empreinte de méfiance et d’inquiétude.
Après la très large victoire, sans surprise, du CNDD-FDD le parti au pouvoir, aux législatives et communales du 29 juin, déjà boycottées par l’opposition, celle de Pierre Nkurunziza à la présidentielle n’est pas inattendue.
Le dépouillement a commencé dans l’essentiel des bureaux à 16h00 (14h00 GMT), heure de clôture officielle du scrutin. Le président de la Commission électorale, Pierre-Claver Ndayicariye, a indiqué mardi à l’AFP que les résultats ne seraient pas proclamés avant 48 heures.
Participation et soupçons de fraude
Quelque 3,8 millions de Burundais étaient appelés aux urnes, mais à Bujumbura comme en province, la mobilisation mardi semblait globalement inférieure à celle des législatives du 29 juin, selon le constat de plusieurs journalistes à travers le pays.
Le président de la Commission électorale a nié ce reflux apparent, estimant qu’à l’exception d’une « plus faible affluence à Bujumbura et dans la province de Bururi » (sud-ouest du pays) « la participation était sensiblement la même » qu’aux législatives. Il a dit tabler sur un chiffre comparable (74%).
Dans plusieurs bureaux de Bujumbura, des procès-verbaux vierges étaient signés par les assesseurs avant même le début du dépouillement, a constaté un journaliste de l’AFP. Selon la radio nationale, le président d’un bureau de la province de Bujumbura rural a été remis à la police après avoir été surpris en train de bourrer une urne.
« Pluralisme de façade »
Outre trois candidats issus de petites formations réputées alliées au pouvoir, M. Nkurunziza affrontait son principal opposant Agathon Rwasa, qui a contesté à l’avance la légitimité du scrutin. Trois autres candidats de l’opposition (dont les deux anciens chefs de l’Etat Domitien Ndayizeye et Sylvestre Ntibantunganya) figuraient sur les bulletins bien qu’ils se soient retirés de la course en dénonçant « une mascarade ».
« Malgré un pluralisme de façade, il s’agit d’une élection à un seul candidat dont les Burundais connaissent déjà l’issue », a commenté Thierry Vircoulon, de l’International Crisis Group.
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