Cameroun : Maroua sous le choc de Boko Haram
Deux jeunes femmes kamikazes ont tué au moins 11 personnes en se faisant exploser mercredi à Maroua, la capitale de l’extrême nord du Cameroun.
Si l’attentat n’a pas encore été revendiqué, tous les regards se tournent vers la secte islamique Boko Haram. Les « deux terroristes se sont fait exploser aux environs de 14h30 (13h30 GMT) au quartier Barmaré et à l’entrée du marché central de la ville de Maroua« , a affirmé mercredi 22 juillet la présidence, donnant un bilan de 11 morts, plus les deux kamikazes, et 32 blessés.
Plus tôt, le gouverneur de la région, Midjiyawa Bakari, avait affirmé que deux jeunes filles âgées « de moins de 15 ans » s’étaient fait exploser au marché central de la ville et dans un quartier voisin majoritairement peuplé par des Haoussas.
Une autre source proche des autorités locales avait confirmé que « deux fillettes qui faisaient de la mendicité » s’étaient « fait exploser ».
Un journaliste camerounais présent dans la ville, a décrit une « panique totale » dans la ville lorsque les explosions ont retenti. « Il y avait des corps déchiquetés, des bouts de membres partout par terre, c’est terrible (…). Les gens n’ont jamais connu ça ici à Maroua », jusque-là épargnée, a-t-il témoigné, précisant que de nombreux blessés l’étaient « très gravement ».
Marou, une ville symbole
Le président camerounais, Paul Biya, a condamné dans un communiqué des actes « lâches et ignobles perpétrés contre des populations innocentes ». Il a appelé les Camerounais à la « vigilance » et à une « collaboration étroite avec les forces de sécurité », promettant « la mise hors d’état de nuire de ces criminels sanguinaires ».
Capitale de la région de l’extrême Nord et centre opérationnel du dispositif militaire mise en place par le Cameroun dans sa lutte contre Boko Haram, Maroua est une cible symbolique. Ville commerçante jadis animée et majoritairement peuplée de musulmans, elle vivait déjà dans la peur et sous étroite surveillance militaire depuis des mois. La circulation des deux-roues, connus pour être le moyen de transport privilégié par les islamistes, était notamment interdite dès la tombée de la nuit.
Des sources sécuritaires avaient affirmé que de nombreux sympathisants, mais aussi des membres du groupe islamiste avaient infiltré la ville et fournissaient des renseignements à leur chefs. « On se méfie de tout le monde. Ce sont des gens comme vous et moi, ça peut être un chauffeur de taxi ou un passant, et il est quasiment impossible de les repérer », soulignait ainsi récemment un officier camerounais.
Deuxième série d’attentats-suicide en 10 jours : 22 morts au total sur le sol camerounais
Il s’agit du deuxième attentat-suicide au Cameroun en 10 jours. Le 12 juillet, deux femmes kamikazes s’étaient fait exploser à Fotokol (Nord), localité frontalière du Nigeria, tuant 11 personnes dont 10 civils et un soldat tchadien. Les autorités de la région avaient dans la foulée interdit le port du voile islamique intégral par mesure de sécurité.
De tels attaques-suicides en territoire camerounais sont sans précédent, même si depuis deux ans, les islamistes nigérians ont enchaîné raids meurtriers et enlèvements dans l’extrême Nord.
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