Jean-Jacques Dessors, le « serial » développeur d’Accor
Directeur pour l’Afrique et le Moyen-Orient du numéro un mondial de l’hôtellerie Accor, le Français Jean-Jacques Dessors est chargé d’y accroître le nombre d’établissements sous franchise. Comme il l’a déjà fait au Royaume-Uni.
Depuis le 1er janvier, Jean-Jacques Dessors cumule les miles aériens et les tampons sur son passeport. À peine rentré du Kenya, le voilà qui repart pour l’Algérie, avant de s’envoler vers Dubaï puis Dakar les semaines suivantes. « Je ne reste pas au bureau plus de cinq ou six jours par mois », sourit le directeur d’Accor pour l’Afrique, le Moyen-Orient, les Caraïbes et l’océan Indien, qui, depuis sa nomination, découvre son nouveau terrain de jeu avec beaucoup d’enthousiasme.
De l’Afrique il avoue sans gêne connaître peu de chose. À 50 ans, il arrive « en novice » sur un vaste territoire à explorer et multiplie les rencontres avec un continent « impossible à appréhender depuis Paris ». « C’est justement ce qui m’intéresse », affirme-t-il. Choisi pour « accompagner le développement de nos marques », il se dit lui-même « en phase d’induction », communiquant son énergie aux équipes qu’il croise durant ses périples et qui l’ont déjà surpris par « leur grand professionnalisme ».
Rugby
Développer et encadrer, Jean-Jacques Dessors fait cela depuis longtemps. Après un rapide passage derrière les fourneaux durant ses années d’école hôtelière à Toulouse (1977-1982), ce Catalan d’origine, qui s’imaginait chef cuistot de renom, abandonne ses rêves étoilés pour apprendre sur le terrain ce que l’université n’a pas su lui enseigner : le management. Il tourne le dos à la haute gastronomie pour faire ses premières armes dans la restauration rapide, puis enchaîne les expériences en Europe avant de se retrouver directeur, à moins de 30 ans, d’une chaîne d’hôtels haut de gamme en France. Il en profite pour peaufiner des méthodes d’encadrement qu’il a très tôt mises en pratique… durant ses années rugby. Des techniques « basées sur l’esprit d’équipe pour que tout le monde pousse dans le même sens », précise-t-il.
Jean-Jacques Dessors va pourtant changer de direction, justement, après avoir été recruté pour développer des hôtels à Paris. « Il s’agissait de trouver de vieux immeubles, de les rénover, puis de lancer les hôtels avant de les céder à des investisseurs privés », explique le « développeur », au sens anglo-saxon du terme, qui mettra ensuite son savoir-faire au service de la Compagnie générale des eaux pendant « huit belles années » (1992-2000). Avant que celle-ci ne devienne Vivendi et qu’avec Jean-Marie Messier à sa tête n’arrive une nouvelle stratégie. Sa dernière mission consiste à céder à un concurrent les 80 hôtels qu’il a contribué à créer.
En l’occurrence, ce rival s’appelle Accor. Le premier groupe hôtelier mondial souhaite le garder et, après dix-huit mois passés en région parisienne, l’envoie au Royaume-Uni accomplir ce qu’il sait le mieux faire : gérer et développer le portefeuille du groupe. Il y reste dix ans et porte le carnet d’adresses de 50 à 190 hôtels – « avec l’aide de mes collaborateurs », insiste, fidèle à ses principes, Jean-Jacques Dessors. Il serait certainement encore à Londres, où il continue d’habiter, s’il n’avait ressenti « le besoin d’un nouveau challenge ».
Ce sera donc l’Afrique et le Moyen-Orient, avec la feuille de route distribuée à tous les directeurs de région : « Alléger la structure avec des contrats de management et de franchise. » Surtout en Afrique subsaharienne, où Accor reste aujourd’hui propriétaire de la plupart de ses établissements. Pas question pourtant de se désengager d’un continent où le groupe est présent depuis 1975. Au contraire, « dans la morosité ambiante, l’Afrique conserve tout son potentiel », souligne Jean-Jacques Dessors, qui rappelle que l’objectif annuel d’Accor est d’augmenter ses capacités de 40 000 chambres supplémentaires à travers le monde, « à commencer par l’Afrique et le Moyen-Orient ».
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