La Zambie paie très cher pour son nouvel eurobond
La Zambie, qui souhaitait mobiliser jusqu’à 2 milliards de dollars, a dû revoir ses ambitions à la baisse – et payer un taux d’intérêt bien plus élevé que pour ses précédents emprunts obligataires internationaux. Explications.
La Zambie a levé 1,25 milliard de dollars en obligations souveraines le jeudi 23 juillet. Lusaka souhaitait mobiliser entre 1,5 milliard et 2 milliards de dollars. L’emprunt, arrangé par Barclays et Deutsche Bank, est composé de trois tranches qui arrivent à échéance en juillet 2025, juillet 2026 et juillet 2027, et a suscité un carnet de commandes de 2,5 milliards de dollars, rapporte le Wall Street Journal. Cet eurobond, le troisième réalisé par Lusaka depuis 2012, a été émis au taux de 9,375 %.
C’est le taux d’intérêt le plus élevé payé depuis sept ans par un pays d’Afrique subsaharienne pour une opération de ce type. Au cours des deux dernières années, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Gabon et le Kenya ont pu émettre des eurobonds aux montants similaires à celui que vient de réaliser la Zambie pour des taux d’intérêt bien plus faibles, de l’ordre de 6 % à 7 %.
En septembre 2014, le Ghana, confronté pourtant à une situation macroéconomique difficile (chute de la monnaie, hausse du déficit, de la dette et de l’inflation), avait tout de même réussi à lever 1 milliard de dollars au taux de 8,125 %. Pour sa précédente incursion sur les marchés internationaux, en 2014, Lusaka avait pu mobiliser 1 milliard de dollars au taux de 8,5 %.
Déficit
Les sommes que vient de lever Lusaka serviront à renforcer le budget du pays dont le déficit est attendu à 20 milliards de kwachas (2,64 milliards de dollars) cette année. L’utilisation de l’eurobond pour financer le déficit budgétaire plutôt que des investissements à long terme est l’une des raisons pour lesquelles les marchés ont exigé un taux d’intérêt plus élevé qu’auparavant, expliquent les analystes.
« Les investisseurs ont tendance à être plus indulgents lorsqu’il s’agit d’eurobonds destinés à financer l’investissement, dans les infrastructures par exemple, ce qui soutient la croissance à moyen et à long terme. Mais s’il ne s’agit que de refinancer de la dette ou de constituer des réserves de change, ils le sont beaucoup moins », avertit Yvonne Mhango, analyste de Renaissance Capital, citée par Reuters.
« Les investisseurs ont été plus sélectifs et plus sensibles au prix de l’émission obligataire de la Zambie. Ceci est cohérent avec un biais baissier plus prononcé vis-à-vis de la Zambie sur le marché des eurobonds », ajoute Samir Gadio, responsable Afrique marché obligataire pour la banque Standard Chartered, dans une note parvenue à Jeune Afrique.
Selon l’analyste, cette sélectivité tient notamment aux perspectives d’évolution du cuivre, qui est la principale source de devises de la Zambie. « La baisse des prix du cuivre (-16,7 % depuis début mai) va probablement limiter les performances de l’eurobond à moyen terme. Des prix plus bas peuvent affecter la rentabilité du secteur minier et limiter les nouveaux investissements dans l’industrie du cuivre », souligne Samir Gadio.
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