Mali : les deux enfants lynchés à Gao en mars n’ont toujours pas reçu de sépultures
Lynchés en mars par une foule en colère les soupçonnant d’être des poseurs de bombe, deux enfants de la communauté arabe de Gao n’ont toujours pas reçu de funérailles. Alors que leurs familles réclament justice, leurs corps reposent encore à la morgue de l’hôpital de Gao.
Les deux enfants lynchés à Gao le 7 mars dernier, jour même de l’attentat du restaurant La Terrasse à Bamako, n’ont toujours pas reçu de sépultures. Leurs corps se trouvent toujours à la morgue à l’hôpital de Gao, plus de quatre mois après la tragédie.
« Les corps calcinés reposent dans des sacs en plastique à la morgue. Malgré le froid, l’odeur commence à suffoquer les infirmiers et toutes les personnes qui se rendent à l’hôpital », affirme le Dr Sadou Maiga. Qui ajoute : « Ni les familles des victimes, ni les autorités maliennes n’ont pris la décision de retirer les corps afin de procéder à leur enterrement ».
Brûlés vifs
Au mois de mars, alors que les attaques à la roquette ou les mines étaient fréquentes dans la région de Gao, une foule d’habitants de la ville avait attaqué deux garçons membres de la communauté arabe suite à l’explosion d’une grenade devant un commissariat de la ville, qui n’avait pas de victime. Violemment pris à partie, les deux jeunes de 15 et 17 ans ont été accusés d’être les auteurs de l’attentat avant d’être battus et brûlés vifs sans autre forme de procès.
La passivité des militaires maliens venus sur les lieux du lynchage avait causé la colère des familles des victimes.
Les vidéos amateurs qui n’avaient pas manqué de circuler à l’époque montrent des militaires maliens venus sur les lieux du lynchage sans vraiment intervenir, une attitude qui avait causé la colère des familles des victimes. Pour soutenir ces dernières, le Premier ministre Modibo Keïta s’était déplacé en personne à Gao, sans réussir à ramener totalement le calme entre les communautés.
« Les familles des victimes n’ont pas retiré les corps de l’hôpital de Gao parce qu’elles veulent que l’État fasse la lumière sur cette affaire, et les autorités de Gao jugent que celle-ci dépasse leurs compétences », explique Aboubacrine Abouhaynata, un journaliste de la ville.
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