Aérien : timide éclaircie sur Kinshasa
Depuis mars, deux nouvelles compagnies ont débuté leurs opérations en RD Congo. Si le secteur ne décolle pas encore, il évolue vers davantage de concurrence et de sécurité.
Les flottes africaines décollent
La liste des compagnies aériennes internationales desservant Kinshasa, la capitale congolaise, ne cesse de s’étoffer. Dernière en date : Turkish Airlines, depuis fin août. Un signe de la volonté d’Istanbul d’intensifier ses échanges commerciaux avec la RD Congo. Le transporteur turc souhaite aussi capter des parts de marché sur des destinations européennes et, surtout, asiatiques, très fréquentées par les Congolais, les Chinois et les Indiens, de plus en plus nombreux à développer des affaires à Kinshasa. La capitale pourrait par ailleurs accueillir Emirates Airlines et servir de hub à Ethiopian Airlines et à Brussels Airlines.
Mais Kinshasa n’est pas le seul pôle aérien du pays. L’essor minier de la province du Katanga dope de son côté le trafic à partir de Lubumbashi vers Johannesburg. La région écoule en effet une grande partie de sa production via des ports sud-africains. Sur le créneau des voyages d’affaires, la concurrence oppose South African Airways aux trois transporteurs nationaux congolais : la Compagnie africaine d’aviation (CAA), FlyCongo – nouvelle appellation de Hewa Bora depuis mars dernier (avec une nouvelle flotte et de nouveaux actionnaires) – et Korongo Airlines, lancé en avril, basé à Lubumbashi et détenu à 70 % par Brussels Airlines et le Groupe Forrest International et à 30 % par des privés congolais.
Sur le segment des vols intérieurs, les compagnies congolaises développent les dessertes kasaïennes : les liaisons au départ de Mbuji-Mayi (Kasaï-Oriental), Kananga et Tshikapa (Kasaï-Occidental) sont très demandées par les commerçants locaux, qui voyagent beaucoup. Entre Lubumbashi et les villes cuprifères, notamment Kolwezi (vers laquelle Korongo prévoit d’ouvrir une ligne), les transporteurs nationaux font face à de petits acteurs locaux.
En revanche, le trafic entre Kinshasa et l’Est – Kisangani (Province orientale) et Goma (Nord-Kivu) – ne décolle pas vraiment. L’insécurité dans le Nord-Kivu et le district de l’Ituri, où pourtant l’exploration minière et pétrolière se développe, y est pour quelque chose. Le trafic aérien dans ces zones profite surtout à l’Ouganda, les entreprises qui y développent des projets aurifères préférant passer par Entebbe et Kampala, plus proches que Kinshasa.
Guerre commerciale
Entre CAA, FlyCongo et Korongo Airlines, la bataille fait rage – un coup dur pour le premier, qui régnait auparavant en maître, mais demeure néanmoins leader avec 34 destinations desservies. Sans surprise, ils s’affrontent sur la liaison très prisée Kinshasa-Lubumbashi. Une concurrence qui a fait baisser les tarifs : le prix d’un aller-retour est ainsi passé d’environ 500 euros à moins de 400 euros.
Autre conséquence de cette guerre commerciale, les compagnies rivalisent d’idées pour attirer et retenir la clientèle : promotions, magazine de bord, voire carte de fidélité… Parmi les priorités affichées : le respect des horaires, l’accueil, la qualité du service à bord. Et la sécurité. FlyCongo fait maintenant réaliser la maintenance lourde de ses avions à Johannesburg par la société Jetworx, et finalise les démarches pour obtenir la certification Iata Operational Safety Audit (Iosa).
Malgré ces signes de vitalité, les compagnies restent plombées par les surtaxes, la récente hausse du prix du carburant et la pression fiscale. Et ce « sans contrepartie du gouvernement, qui nous demande pourtant de favoriser le désenclavement du pays », déplore un opérateur. L’envol du secteur aérien congolais reste donc conditionné à l’amélioration du climat des affaires et de la situation sécuritaire dans l’est du pays ainsi qu’à l’achèvement des travaux engagés dans les grands aéroports pour assurer la sécurité.
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