Cyclisme : le superbe Tour de France de MTN-Qhubeka
À l’heure de faire le bilan de sa première participation à la Grande Boucle, la formation sud-africaine MTN-Qhubeka peut se montrer fière de ses performances : maillot distinctif, victoire d’étape, classement de l’équipe… Peu de professionnels l’attendaient à ce niveau.
Les supporters de l’équipe MTN-Qhubeka auront retenu leur souffle jusqu’au sprint final du Tour de France 2015, priant pour une victoire d’étape du norvégien Edvald Boassen Haegen sur les Champs-Élysées. Il ne décrochera finalement qu’une (très) honorable 4e place, dernière des ténors du sprint, Greipel, Coquard et son compatriote, Kristoff. Mais le bilan de la formation sud-africaine ne laisse pas de place à la déception : MTN Qhubeka a réalisé un Tour de France exceptionnel, bien au-delà des résultats qu’on pouvait attendre d’une petite équipe continentale, qui plus est pour sa première participation à l’épreuve.
Réussite symbolique, tout d’abord, puisque les coureurs au maillot noir et blanc ont constamment fait parler d’eux. Présents dans les échappées, décrochant de nombreuses places d’honneurs, faisant l’unanimité auprès des commentateurs et du public, les garçons de l’équipe ont permis au cyclisme africain de se faire une place sur la scène internationale. Les reportages concernant les coureurs et l’association caritative Qhubeka (des vélos pour l’éducation) se sont succédés, et l’idée d’un cyclisme puissant et compétent tout droit venu d’Afrique subsaharienne a fait son chemin dans les esprits de tous les amateurs de la petite reine.
Une victoire d’étape le jour du Mandela Day
Réussite sportive, également. D’abord avec un maillot à pois de meilleur grimpeur détenu quatre jours de suite par l’Erythréen Teklehaimanot (qui a réitéré l’exploit du Critérium). Mais aussi, et surtout, avec la victoire d’étape de Steve Cummings, à Mende. Le Britannique a filé sous le nez des français Romain Bardet et Thibaut Pinot, pourtant coutumiers de la Grande Boucle et favoris jusqu’au dernier kilomètre. En alliant une stratégie lucide et une technique irréprochable, le puncheur a levé les bras le jour du Mandela Day. Tout un symbole.
MTN Qhubeka a ensuite été la meilleure équipe des étapes 15, 16 et 17. Au classement général, MTN-Qhubeka a talonné Movistar trois jours de suite, avant de redescendre à une 5e place inespérée, juste derrière les équipes de premier plan, qui se disputaient le maillot jaune à coup de millions de dollars : Sky, Tinkoff-Saxo, Astana… La modeste formation africaine coiffe même au poteau d’autres cadors de la discipline, tels que BMC, AG2R ou Etixx. Un bilan on ne peut plus positif pour une équipe que peu d’observateurs attendaient à un tel niveau. « Nous, nous savions que nous étions capable de faire un bon Tour de France, affirme Merhawi Kudus, le benjamin du peloton. Nous sommes de bons coureurs, bien préparés, et nous avions la motivation avec nous. Nous devions faire nos preuves, nous avons fait la différence. » Ses équipiers approuvent. Teklehaimanot, qui a commencé à 14 ans, a bien conscience de l’impact qu’aura leur réussite en Afrique. « J’ai toujours voulu être sur les routes du Tour. En Érythrée, tout le monde le regarde. Pour le moment, nous sommes la seule équipe à pouvoir y prendre part, mais on espère vraiment que dans l’avenir, il y aura d’autres équipes africaines. »
Près de 50 000 euros de primes
Côté primes, le montant récolté par MTN Qhubeka est impressionnant : près de 50 000 euros, selon nos estimations, dans un sport qui est pourtant réputé peu lucratif. Cummings a remporté 8000 euros avec sa victoire d’étape, l’équipe a décroché trois fois 2 800 euros en prenant la tête du classement d’équipes par étape, sa position de 5e formation du général lui rapport 8 000 euros, etc… À noter que 10% de tous les gains seront reversés à Qhubeka, soit un montant proche des 5 000 euros.
Concernant le futur statut de MTN-Qhubeka, rien n’est encore sûr. Si toute l’équipe, enthousiaste, se voit bien obtenir une licence World Tour (la première division) dès la saison 2016, le barème de l’UCI pour l’obtention d’un tel statut n’est pas public, et l’équipe est en concurrence avec des formations européennes telles que Bora, Cofidis ou Europcar. Douglas Ryder, le directeur de l’équipe, tempère : « Ce serait une chose formidable que l’équipe ait la licence, et cela se fera sûrement, mais pas pour la saison 2016. Nous n’avons pas les fonds suffisants pour faire une demande de licence. En revanche, nos bons résultats de la saison 2015 et notre renommée vont pousser les financiers et potentiels partenaires à s’intéresser à nous et on espère pouvoir devenir une équipe World Tour en 2017 ou 2018. »
En attendant, prochaine étape : la Vuelta, seconde compétition cycliste mondiale, à égalité avec le Giro. Du 22 août au 13 septembre, MTN-Qhubeka va devoir réitérer son exploit, et prouver définitivement que le cyclisme africain doit désormais être redouté au niveau mondial.
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