Trou d’air pour Afriqiyah Airways

Si elle a repris ses vols, la compagnie nationale libyenne Afriqiyah n’est pas encore remise du conflit. Interdite en Union européenne, elle doit se restructurer pour affronter la concurrence.

Trois Airbus A330 doivent venir renforcer la flotte, forte de onze appareils, à partir de mi-2013. © Laurent Cerino/REA

Trois Airbus A330 doivent venir renforcer la flotte, forte de onze appareils, à partir de mi-2013. © Laurent Cerino/REA

Publié le 23 octobre 2012 Lecture : 3 minutes.

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Les flottes africaines décollent

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Avant la révolution libyenne, Afriqiyah Airways pratiquait des tarifs inférieurs de un tiers à ceux de ses concurrents sur une trentaine de destinations – dont près d’une vingtaine en Afrique -, permettant à des millions de voyageurs de se déplacer à bon compte. Répondant plus à une logique de prestige que de rentabilité, la compagnie fondée en 2001 par Mouammar Kaddafi ne réalisait aucun bénéfice. Depuis, le conflit lui a porté un coup dont elle ne s’est pas encore remise. Entre février et octobre 2011, elle a notamment perdu un Airbus A320 vieux d’à peine un an et plusieurs autres de ses appareils ont été endommagés. À la suite d’un audit mené par Quali-Audit (filiale à 100 % d’Air France Consulting), Afriqiyah s’est désormais remis aux normes de la profession, fixées par l’Association internationale du transport aérien (Iata).

Plusieurs fois annoncé, le rapprochement avec Libyan Airlines serait en cours.

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Après une période d’inactivité de plusieurs mois causée par le gel de ses actifs et la suspension des vols imposée par l’Otan en mars 2011, le transporteur a repris ses liaisons internationales en décembre dernier. Il dessert Rome depuis avril et Londres depuis juillet, mais ne relie plus que la moitié de ses destinations d’avant la révolution. Ainsi, aucune des lignes subsahariennes, qui n’étaient pas rentables avant la crise libyenne, n’a pour l’instant été réactivée. Mohamed Elmeshkhy, directeur des relations internationales d’Afriqiyah, affirme que la compagnie veut restaurer l’intégralité de son réseau, sans expliquer comment. Pour l’instant, elle reconstitue sa flotte : alors qu’elle possède onze appareils, elle a signé un contrat avec Airbus en avril pour trois A330, dont elle doit prendre livraison à partir de mi-2013.

Reste un obstacle de taille à lever. La Commission européenne a relevé « de graves problèmes en ce qui concerne la surveillance en matière de sécurité des transporteurs aériens titulaires d’une licence en Libye ». Ceux-ci font donc l’objet d’une interdiction de vol à destination de l’Union européenne (UE) au moins jusqu’en novembre. « C’est une situation très handicapante pour les compagnies car, s’il est vital pour elles de se mettre aux normes, les autorités civiles sont souvent plus lentes », souligne un consultant de Quali-Audit. Pour desservir Londres et Rome, Afriqiyah doit affréter des avions appartenant à d’autres transporteurs, comme le tunisien Nouvelair.

AfriqiyahIndécision

Autre chantier, le projet de fusion avec son homologue Libyan Airlines, propriété du même holding, Libyan African Aviation Holding Company. Plusieurs fois annoncé, le rapprochement « est en cours », à en croire Mohamed Elmeshkhy. Comme l’explique Fathi Tommy, patron de l’entreprise de services aériens Ajwa Aviation Services, « le projet est urgent, mais ralenti par l’indécision politique. Les deux sociétés naviguent sur les mêmes parcours et se livrent une concurrence contre-productive, en plus d’être toutes deux étouffées par leurs coûts de fonctionnement, notamment salariaux ».

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Pour compliquer les perspectives, l’aéroport international de Tripoli ne peut accueillir plus de 3 millions de passagers par an. Envisagée depuis longtemps, son extension ne semble pas être à l’ordre du jour. Enfin, il faudra compter avec la concurrence des compagnies étrangères : Emirates desservira Tripoli dès la fin de ce mois d’octobre, rejoignant ainsi British Airways et Alitalia. Mais la plus avancée en la matière est Turkish Airlines, qui dessert déjà quatre aéroports libyens. Alors qu’un nouveau gouvernement, résultant des élections de juillet dernier, devrait être formé, reste à espérer que la prochaine administration saura engager les réformes nécessaires.

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