Aérien : l’Algérie a (encore) un plan
Moderniser le transporteur public Air Algérie pour regagner les parts de marché perdues à l’international : c’est l’ambition du programme quinquennal algérien de près de 580 millions d’euros dévoilé en juin.
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Air Algérie n’en finit pas de mettre en oeuvre des plans de développement. Le dernier en date, quinquennal (2012-2016), d’un montant de près de 580 millions d’euros (60 milliards de dinars), a été annoncé en juin. Il prévoit de consacrer 433 millions d’euros à l’acquisition de huit appareils : trois pour remplacer des avions en activité et cinq pour renforcer une flotte de 43 appareils, dont une partie a été renouvelée depuis 2009. Avec un chiffre d’affaires en quasi-stagnation l’an dernier, à 567 millions d’euros, « Air Algérie est tout juste à l’équilibre financièrement grâce au soutien de l’État », concédait en septembre son PDG, Mohamed Salah Boultif.
L’Open Sky attendra
La libéralisation du ciel algérien « n’est pas à l’ordre du jour. Nous défendons le pavillon national », déclarait début septembre – à la veille de sa nomination comme Premier ministre – Abdelmalek Sellal, alors ministre des Transports par intérim. « Nous ne sommes pas prêts pour l’Open Sky, affirmait déjà un an plus tôt le PDG d’Air Algérie, Mohamed Salah Boultif. Cela implique une concurrence très rude que nous ne pouvons pas assumer. » Déjà en perte de vitesse sur sa principale destination, la France (notamment au profit d’Aigle Azur), le transporteur public, dont la qualité de service et la ponctualité restent critiquées, ne peut pas encore supporter l’ouverture de son ciel. De plus, l’Open Sky est un outil d’accroissement des flux touristiques. Or l’Algérie n’a pas dans ce secteur les ambitions du Maroc, qui a libéralisé son ciel en 2004 avant de signer un tel accord en 2006, ou de la Tunisie, qui s’apprête à faire un pas en ce sens. S.A.-H.
Parmi les dix priorités du plan figure l’amélioration de la qualité de service et de la ponctualité, deux tares qu’aucun patron de la compagnie n’a réussi à corriger. Également en ligne de mire : le sureffectif. « En 2002, le bureau d’audit américain Booz Allen Hamilton avait recommandé à Air Algérie de fonctionner avec 5 500 employés », souligne l’économiste algérien Abderrahmane Mebtoul. Or ils sont toujours plus de 9 000, malgré les plans sociaux mis en oeuvre ces sept dernières années. Mohamed Salah Boultif affirme qu’aucun nouveau plan n’est en projet, mais précise qu’« il y aura une réduction des effectifs assez importante » à l’horizon 2016, doublée d’un gel des recrutements. Air Algérie, qui veut maîtriser des coûts d’exploitation en hausse (+ 31 % de charges et – 71 % de résultat d’exploitation en cinq ans), a également lancé en 2011 un plan de recouvrement qui lui a permis de récupérer 78 % de ses créances.
À l’image d’une autre entreprise publique, Algérie Télécom, le transporteur voudrait évoluer. Filialiser certaines de ses activités – maintenance, catering… – ne sera pas le moindre des défis pour sa direction. Pour ce faire, Mohamed Salah Boultif a précisé que les investisseurs étrangers étaient les bienvenus.
Transit
Concentrée sur son métier, la compagnie pourrait alors s’attacher à regagner ses parts de marché perdues, notamment vers la France, qui représente près de 64 % de son activité internationale. Son PDG vise une croissance du trafic de 8 % sur l’international et de 6 % sur le réseau domestique, où un nouveau venu, Tassili Airlines, filiale du groupe pétrolier Sonatrach, pourrait lui faire du tort sur la niche des employés étrangers du secteur des hydrocarbures.
Pour atteindre ces objectifs, Air Algérie veut se lancer dans le trafic de transit en adhérant à l’une des trois alliances aériennes de référence (SkyTeam, OneWorld et Star Alliance) – il faudrait pour cela faire de l’aéroport d’Alger un véritable hub. La compagnie souhaite également lancer de nouvelles dessertes à destination du continent, notamment vers le Nigeria ou l’Afrique du Sud. L’an prochain, Air Algérie va en outre accroître la fréquence de ses vols vers Montréal et revoir sa copie vers Pékin, une ligne qui « donne de moins bons résultats ».
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