Droit des affaires : les cabinets locaux deviennent indispensables

En zone francophone, une dizaine de cabinets locaux sont désormais considérés comme très compétents. Au point d’être devenus indispensables à leurs grands frères internationaux.

Le dossier d’extension de la centrale d’Azito (Abidjan) fait notamment intervenir l’Ivoirien Karim Fadika. © Issouf Sanogo/AFP

Le dossier d’extension de la centrale d’Azito (Abidjan) fait notamment intervenir l’Ivoirien Karim Fadika. © Issouf Sanogo/AFP

ProfilAuteur_FredMaury

Publié le 26 octobre 2012 Lecture : 2 minutes.

Joli coup pour Karim Fadika. L’avocat d’affaires ivoirien a conseillé de bout en bout le groupe Banque Atlantique dans ce qui restera l’une des plus belles opérations panafricaines de fusion-acquisition de l’année 2012 : l’entrée du marocain Banque populaire dans le capital d’un nouveau holding contrôlant sept banques du réseau Banque Atlantique en Afrique francophone subsaharienne, pour une valeur de transaction de près de 200 millions d’euros.

Une réussite qui s’ajoute à de nombreuses autres : l’avocat et plusieurs de ses confrères francophones – une dizaine au sud du Sahara – ont multiplié tout au long de l’année les dossiers de fusion-acquisition, de financement de projet, d’opération transfrontalière, de levée de fonds et de règlement de litige. Tous sont considérés comme les égaux – ou presque – des meilleurs avocats internationaux opérant en Afrique. « Aujourd’hui, ce n’est pas moi qui ai besoin d’eux, mais eux qui ont besoin de mes compétences », souligne, d’un air de défi, Salim Kanjo, actif depuis plus de trente ans et dont le cabinet, Kanjo, Koïta et Houda, est considéré par le guide Chambers, la bible des avocats d’affaires, comme l’un des meilleurs au Sénégal.

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Les avocats d'affaires marocains gardent une longueur d'avance sur leurs <span class=homologues au sud du Sahara. Plusieurs d'entre eux, comme Hicham Naciri, ont d'ailleurs déjà rejoint de grands cabinets internationaux." class="caption" style="float: right; margin: 3px; border: 0px solid #000000;" height="200" width="350" />« Comme les projets sont sponsorisés par des multinationales ou des grandes banques, ces dernières passent par des cabinets internationaux », commente Michel Kizito Brizoua-Bi, une référence à Abidjan. « Mais dans un pays donné, ceux-ci ne peuvent pas faire sans les cabinets locaux », poursuit-il. Entre les deux, la relation a bien évolué. « Quand j’ai commencé [au milieu des années 1980, NDLR], le cabinet international faisait tout et nous envoyait un formulaire d’opinion juridique », se rappelle Marie-Andrée Ngwe, qui dirige onze avocats et juristes au Cameroun. Elle ajoute : « Aujourd’hui, nous sommes associés dès le début des projets. » La plupart des grandes opérations de l’année 2012 (lire pp. 82-83) ont d’ailleurs été en partie pilotées par des cabinets locaux.

Zéro complexe

Ces derniers profitent également d’un nombre croissant d’opérations initiées par des groupes africains. « Pendant longtemps, il y a eu un complexe et on pensait que les avocats locaux n’avaient pas de compétences. Depuis quelque temps, les autorités locales et les entreprises africaines reviennent là-dessus », explique Salim Kanjo. Du conseil juridique au contentieux, il y a désormais peu de domaines qui échappent aux Subsahariens francophones.

Plusieurs avocats locaux songent à se rapprocher de grands confrères internationaux : « D’ici quelques années, rejoindre un grand cabinet mondial paraîtra légitime », juge Paul Jing, qui a fondé en 2004 Jing & Partners, au Cameroun. Stéphane Brabant, associé du cabinet international Herbert Smith Freehills et fin connaisseur de l’Afrique francophone, en témoigne : « Les avocats africains ont devant eux un boulevard en termes de droit des affaires ! » 

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