RD Congo – Lambert Mende : « Nous n’avons pas aimé le ton de donneur de leçons de Barack Obama »
Le discours du président américain Barack Obama sur les « dirigeants africains qui s’accrochent au pouvoir » a fait réagir le porte-parole du gouvernement de la RD Congo, Lambert Mende qui le qualifie de « donneur de leçons ».
Dans son discours au siège de l’Union africaine en Éthiopie, mardi 28 juillet, le président américain Barack Obama a invité les présidents africains à ne pas s’accrocher au pouvoir, une salve qui a suscité des réactions sur le continent.
Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement de la RD Congo et ministre de la Communication, a répondu aux questions de Jeune Afrique.
Jeune Afrique : Quelle a été votre réaction en écoutant le discours de Barack Obama ?
Lambert Mende : Nous entendons toujours ce genre de discours de la part des leaders occidentaux, qui vivent dans le passé et qui nous prennent pour des enfants. D’un point de vue intellectuel, nous sommes assez dubitatifs. Nous trouvons discutable cette mauvaise habitude de nous donner des leçons. Faut-il rappeler à Barack Obama que le président Roosevelt a été élu quatre fois d’affilée en 1933 ? Il ne doit pas nous faire la leçon (la constitution des Etats-Unis ne limite le nombre de mandats présidentiels à deux que depuis 1947, ndlr).
Vous êtes-vous sentis concernés par cette salve du président américain ?
Pas du tout ! Pourquoi nous serions-nous sentis concernés ? Le président Kabila n’a jamais dit qu’il voulait modifier la Constitution. Il n’existe que le discours de l’opposition en RD Congo qui va dans ce sens là. Nous n’avons pas aimé le ton de donneur de leçons de Barack Obama. D’autant que nous savons que les présidents qui ont conservé le plus longtemps le pouvoir en Afrique, comme Mobutu en RD Congo, l’ont fait grâce au soutien des Américains.
Barack Obama a directement visé le Burundi dans son discours. Que pensez-vous du troisième mandat controversé du président Pierre Nkurunziza ?
La RD Congo ne doit pas s’ingérer dans les affaires d’un autre État. Au Burundi, les accords d’Arusha sont interprétés de manière contradictoire. Doit-on compter ou non la première élection dans le nombre de mandats du président Nkurunziza ? C’est un débat burundais et je ne vois pas pourquoi nous devrions nous en mêler. Ce qui nous préoccupe davantage, c’est l’afflux de réfugiés dans l’est du pays.
Partagez-vous certaines préoccupations du président Obama évoquées lors de son discours ?
Bien sûr. Nous avons d’ailleurs apprécié le reste de son discours, notamment au sujet de la corruption et du droit des femmes. Nous partageons ses préoccupations. En fait, nous sommes très fiers de Barack Obama, ce président américain fils d’un Africain. C’est un produit de l’Afrique, un homme d’une rare intelligence politique ! Malheureusement, il participe à la mode de donner des leçons aux Africains et nous n’apprécions pas cela.
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