Microcrédit : au Maroc, on ne prête pas qu’aux riches

Leader régional du microcrédit, le Maroc veut passer à la vitesse supérieure. Une nouvelle stratégie pour le secteur vient ainsi d’être annoncée. Objectif : multiplier par 5 les encours pour servir plus de 3 millions de personnes d’ici à 2020.

Tarik Sijilmassi, président de la Fnam veut multiplier par 5 les volumes servis, pour atteindre les 25 milliards de dirhams. DR

Tarik Sijilmassi, président de la Fnam veut multiplier par 5 les volumes servis, pour atteindre les 25 milliards de dirhams. DR

Publié le 15 octobre 2012 Lecture : 3 minutes.

Après la crise de croissance déclenchée en 2008, le secteur du microcrédit au Maroc veut relever la tête. Présidée par le président du Crédit Agricole du Maroc Tariq Sijilmassi, la fédération nationale des association de microcrédit (FNAM), qui regroupe les 13 acteurs du secteur, vient d’annoncer (en marge du colloque international sur la micro finance tenu le 11 et 12 octobre à Skhirate, près de la capitale Rabat) une nouvelle stratégie pour le moins ambitieuse. Leader de la région Mena avec un encours de 5 milliards de dirhams (à fin 2011), le Maroc veut multiplier par 5 les volumes servis, pour atteindre les 25 milliards de dirhams (2,2 milliards d’euros) d’ici à 2022. « Même si nous sommes premiers dans la région, nous restons encore à la traîne par rapport à des pays à économie comparables comme la Bolivie ou encore le Pérou. Notre objectif est de fairre passer l’encours des crédits servis de 0,6% du PIB à plus de 1,8% en 2020 », signale Tariq Sijilmassi, qui opère dans le secteur à travers la Fondation Ardi, association de microcrédit rattachée au Crédit Agricole.

40 milliards de dirhams à lever

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Pour y arriver, le secteur compte élargir sa couverture pour toucher 3,2 millions de bénéficiaires à terme, contre 900 000 aujourd’hui. Un objectif qui devrait passer par l’élargissement du réseau qui devrait s’étendre, toujours sur le même horizon, à 1976 agences contre 1300 aujourd’hui. Mais le grand défi reste le financement : pour concrétiser ce projet aux grandes ambitions, le secteur a besoin de renforcer son assise financière, à travers la levée de pas moins de 40 milliards de dirhams sur les dix prochaines années. Un montant faramineux qui sera levé, selon le président de la fédération du secteur, « auprès de bailleurs de fonds nationaux et internationaux ». Soutenue en haut lieu par l’establishment, cette stratégie sera accompagnée, comme l’a promis le ministre marocain du budget Driss Azami, par une batterie d’exonérations et d’incitations fiscales, aussi bien aux associations de micro crédit qu’aux bénéficiaires.

Le grand nettoyage

Le grand nettoyage a pris 3 ans et a été marqué aussi par des opérations de concentration tout azimut.

Initié au Maroc par la société civile au milieu des années 90, le secteur du microcrédit est arrivé à son apogée durant les année 2000, avant d’essuyer un sérieux revers en 2008, avec la montée en force des impayés, dont le volume a dépassé les 10% pour la première fois dans l’histoire du pays. Un mouvement d’assainissement de grande envergure est alors enclenché, sous l’œil bienveillant de l’autorité de tutelle Bank Al Maghrib : mise en place d’une centrale des risques, lutte contre les prêts croisés, renforcement des règles de gouvernance, mise en place de nouvelles normes prudentielles… Le grand nettoyage a pris 3 ans et a été marqué aussi par des opérations de concentration tout azimut dont la plus spectaculaire reste sans conteste l’absorption, en 2009, de la Fondation Zakoura, ex-pionnier du secteur, par la Fondation Banque Populaire pour le microcrédit.

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Résultat des courses : l’encours des impayés est passé sous les 4% et les 13 associations du secteur se sont largement professionnalisées et disposent d’un cadre réglementaire clair sous la supervision du ministère des finances et de la banque centrale. Des avancées qui devrait ouvrir facilement aux opérateurs du secteur la voix aux marchés financiers, aussi bien au niveau local qu’à l’international.

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