À Kinshasa, des mètres carrés à prix d’or

À Kinshasa, la très chic commune de La Gombe, en particulier son quartier du fleuve, détient le record des tarifs élevés dans l’immobilier. Si la floraison récente d’immeubles de logements et de bureaux haut de gamme n’a pas joué en faveur d’une baisse ni des loyers ni des prix de vente, la hausse est encore plus flagrante pour les maisons de standing, devenues une denrée rare dans la commune. Ainsi, une villa sans piscine s’y loue entre 4 000 et 8 000 dollars/mois (entre 3 000 euros et plus de 6 000 euros/mois, les prix de l’immobilier étant toujours fixés en dollars) et, avec piscine, entre 5 500 et 20 000 dollars/mois (à ce tarif, les prestations intègrent beau jardin et salle de fitness).

Pour un appartement de trois chambres avec séjour, les prix varient de 3 000 à 7 000 dollars/mois dans un immeuble avec piscine et salle de sport collectives. Loyer auquel il faut ajouter les charges, qui peuvent aller jusqu’à 600 dollars/mois. Comparativement, dans le centre-ville de Pointe-Noire, la balnéaire capitale économique du Congo voisin, le loyer d’un trois chambres avec séjour n’excède pas 3 millions de F CFA (4 600 euros, soit près de 6 000 dollars).

Escalade

Cette flambée des prix tient au fait que La Gombe reste la commune de prédilection des expatriés (cadres des groupes étrangers, personnels des ambassades et organismes internationaux, principale clientèle des locations), de la plupart des grandes entreprises et administrations, qu’elle est la mieux desservie et, en cas de troubles sociopolitiques, la mieux située pour les évacuations.

À GB, quartier de la commune voisine de Kintambo, les tarifs sont à peu près aussi élevés. Plus au sud, à Ngaliema, les quartiers Mont-Fleury et Ma Campagne sont légèrement plus abordables, avec une prédominance de villas, peu d’immeubles élevés, quelques nouveaux bâtiments… Mais tout porte à croire qu’ils seront la future cible des promoteurs.

À Mont-Fleury, le Beverly Hills kinois, quartier le plus demandé après ceux de La Gombe, le loyer des villas s’est déjà envolé pour s’établir entre 5 500 et 13 000 dollars/mois. Ses atouts : de belles maisons entourées de vastes terrains avec jardin et piscine, proximité de La Gombe et meilleure desserte (depuis que la voirie y a été réhabilitée).

Avec ses problèmes de circulation et son éloignement des lieux d’évacuation, Ma Campagne n’a pas encore été pris d’assaut, mais les loyers y oscillent déjà entre 3 000 et 4 000 dollars/mois pour quatre pièces avec piscine. Une escalade qui contraint la plupart des Kinois qui résidaient dans ces quartiers à s’installer dans des communes moins chères et où ils trouvent à louer des villas, leur mode d’habitat préféré.

Quant à acheter ou faire construire une maison, cela reste un rêve pour la classe moyenne congolaise. À La Gombe, le prix des terrains atteint 1 000 dollars/m2 et pas moyen de trouver la moindre villa en vente à moins de 300 000 dollars. Même constat pour l’immobilier tertiaire. Ces derniers mois, l’offre s’est pourtant étoffée avec la construction d’immeubles le long du boulevard du 30-Juin (dont la Future Tower et la Crown Tower) et de l’avenue du Colonel-Ebeya. Le boulevard du 30-Juin détient le record des tarifs de location : de 22 à 30 dollars/m2. Ailleurs, les prix vont de 18 à 24 dollars/m2, sans les charges, soit 150 à 400 dollars/mois, selon qu’elles incluent ou non l’entretien, le gardiennage, l’eau, l’électricité ou la connexion internet.