En RD Congo, le haut débit au compte-gouttes
Sur un territoire de plus de 2 millions de km2, le réseau à fibre optique est un enjeu majeur. En attendant que le sien soit opérationnel, le pays se connecte via Brazzaville et l’Afrique du Sud.
Sur les douze membres du consortium West Africa Cable System (Wacs), la RD Congo reste le seul pays à ne pas être connecté directement à la fibre optique et l’un de ceux où le taux de pénétration d’internet est le plus faible (moins de 2 %). Bien que le câble sous-marin ait été posé début 2011 à Moanda, unique agglomération côtière du pays (dans la province du Bas-Congo), le chantier de la station d’atterrage ne sera en effet pas achevé avant la fin de l’année. Rageant pour les entreprises, les opérateurs, et encore bien plus pour le gouvernement, qui espérait que ses propres infrastructures soient prêtes pour l’accueil du sommet de la Francophonie.
Qu’à cela ne tienne, le haut débit par fibre optique sera quand même au rendez-vous. En attendant que le réseau national et la station de Moanda soient opérationnels, la RD Congo a opté pour une connexion via Brazzaville (qui dispose du haut débit depuis mai) et, dans le sud du pays, par le sud-africain Liquid Telecom, chargé de connecter la province du Katanga.
Différends
Ces derniers mois, le chantier est allé bon train. Mais pas assez pour rattraper les retards causés par les différends entre l’ex-ministre des Postes, Télécommunications et Nouvelles Technologies de l’information et de la communication (PT-NTIC), Simon Bulupiy Galati, et l’ex-administrateur directeur général de la Société congolaise des postes et télécommunications (SCPT), Jean-Pierre Muhongo, sur le choix du sous-traitant chargé de réaliser l’infrastructure. Le premier soutenait la candidature de l’indien SM Creative Electronics, tandis que le patron de l’opérateur public « roulait » pour une autre firme indienne, Smart Ideas Trading.
Dans le même temps, l’ex-ministre du Portefeuille, Jeannine Mabunda, contribuait à bloquer la situation en annonçant sa décision de créer une société – Congo Câble – entre l’État (55 %) et les opérateurs privés (45 %) pour gérer la fibre optique en lieu et place de la SCPT, à laquelle devait revenir l’exclusivité de la gestion du réseau. Sachant que cette dernière « devrait générer au moins 20 millions de dollars [15,5 millions d’euros, NDLR] par mois », estime John Ekunda Mbale, le président de la délégation syndicale nationale de la SCPT, cette annonce avait évidemment soulevé un tollé chez l’opérateur public.
Finalement, le chantier a été confié par la nouvelle équipe au belge Doreco. Les travaux de construction de la station d’atterrage sont achevés, le français Alcatel-Lucent a reçu le solde de 5 millions de dollars qui lui était dû, et les derniers matériels sont acheminés à Moanda. « Plus de 90 % du travail est réalisé », explique Kin Kiey Mulumba, le nouveau ministre des PT-NTIC, qui précise que le pays est par ailleurs en train de régulariser sa situation dans les livres du consortium, auquel il a déjà versé « près de 17 millions de dollars sur les 25 millions du montant global ».
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