Bénin – Lionel Zinsou : « Barack Obama a parlé avec empathie et humour, tout le contraire d’un donneur de leçons »

Le Premier ministre du Bénin, Lionel Zinsou, salue le discours historique de Barack Obama dans lequel il invitait les « dirigeants africains à ne pas s’accrocher au pouvoir ». Pour l’économiste, le bilan du premier président noir des États-Unis est « impressionnant ».

Lionel Zinsou, premier ministre du Bénin. © Bruno Levy/Jeune Afrique

Lionel Zinsou, premier ministre du Bénin. © Bruno Levy/Jeune Afrique

Publié le 30 juillet 2015 Lecture : 3 minutes.

Barack Obama a livré un discours historique, mardi 28 juillet, au siège de l’Union africaine dans lequel il a martelé l’importance de la démocratie. Une salve qui a suscité de nombreuses réactions. Lionel Zinsou, Premier ministre du Bénin depuis juin 2015, a répondu aux questions de Jeune Afrique.

Jeune Afrique : Qu’avez-vous pensé du discours de Barack Obama, prononcé devant l’Union africaine le 28 juillet ?

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Lionel Zinsou : C’était du grand Obama. Il a une éloquence extraordinaire, un véritable style oratoire qui a fait son succès électoral et aujourd’hui mondial.

Pensez-vous qu’il a eu raison de fustiger les dirigeants africains “qui s’accrochent au pouvoir” ?

Ne retenir que la phrase sur le respect des Constitutions serait passer à côté de l’esprit de ce discours. Il l’a prononcée après s’être adonné à un extraordinaire exercice oratoire, celui d’un “sang mêlé” – et moi je le ressens d’autant plus fort que je suis aussi un sang mêlé – qui exprime admirablement sa fidélité à son lignage africain sans rien enlever à son titre de président américain.

Barack Obama n’aurait pas pu dire l’inverse. Cela aurait été un scandale mondial et il aurait blessé les nombreux démocrates qui existent en Afrique. Comme il s’adressait à tout le continent, il n’était pas “donneur de leçon”. C’est juste un président américain qui affirme des valeurs démocrates, toujours avec empathie, admiration et humour, pour déminer ce qui aurait pu passer pour de l’ingérence. C’était tout le contraire d’un ton donneur de leçons. Certes, on sait très bien quels pays il visait, notamment dans l’Afrique des Grands lacs… Il ne faut donc pas s’étonner qu’il y ait eu des réactions négatives dans des pays qui s’apprêtent à ne pas respecter leurs Constitutions.

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Le Bénin n’est pas concerné par cette menace ?

Depuis 1990, le pays connaît des alternance démocratiques et des élections libres. Il n’y a pas eu de violations de la Constitution et le nombre de mandats imposé a toujours été respecté. Le Bénin l’a fait de lui-même et le Bénin n’est pas un donneur de leçons. Nous sommes à huit mois du premier tour d’une élection présidentielle totalement libre et tout le dispositif institutionnel est en place. Les intentions du président Boni Yayi ont été annoncées depuis plusieurs années. Le Bénin, comme le Sénégal ou le Ghana, fait partie des pays où il n’y a aucune ambiguïté à ce niveau-là.

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Est-ce que Barack Obama a fait assez pour l’Afrique au cours de ses deux mandats ?

Barack Obama a fait beaucoup pour l’Afrique. Les États-Unis de Barack Obama ont même fait encore plus que ceux de Bill Clinton avec son traité sur le libre-échange ou ceux de Georges W. Bush avec ses actions dans le domaine de la santé. Tout en poursuivant ces programmes, Obama a impulsé deux initiatives porteuses, l’une sur l’énergie pour tous et l’autre pour les jeunes leaders africains. Parallèlement, on a constaté une montée en puissance des investissements américains en Afrique et une expansion des échanges commerciaux. C’est un bilan impressionnant et non pas insuffisant.

Son bilan a pourtant été critiqué…

Il est rare pour un homme politique de faire l’unanimité. Je ne sais pas quelle est la représentativité de ceux qui disent que son bilan est insuffisant. L’anti-américanisme, l’anti-occidentalisme et l’anti-capitalisme existent. Mais je peux vous assurer qu’une très grande majorité de l’opinion africaine considère Obama comme un héros. Vous savez ce qu’il a de commun avec Nelson Mandela ? Il a réussi à faire ce que tous croyaient impossible : devenir le premier président noir de la première puissance au monde.

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Le président américain, Barack Obama, lors de son discours historique au siège de l’Union africaine à Addis Abeba, en Éthiopie, le 28 juillet 2015. © Evan Vucci/AP/SIPA

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