L’aéroport de Kinshasa renoue avec la normalité
Nouvelle tour de contrôle, piste remise à neuf et dégagée des militaires et des badauds. L’aéroport de Kinshasa renoue peu à peu avec… la normalité.
Réfection de la piste, construction d’une nouvelle tour de contrôle, d’une caserne incendie et d’une centrale électrique… L’aéroport international de Ndjili (à une vingtaine de kilomètres à l’est du centre-ville de Kinshasa) fait enfin peau neuve. Des travaux très attendus, qui devraient être achevés d’ici à un an et demi, mais pas de perturbation du trafic aérien, puisque l’entreprise chargée du chantier travaille la nuit – de 22 heures à 6 heures du matin. À l’oeuvre, le chinois Sinohydro Corporation, qui a remporté l’appel d’offres international.
Une agaçante redevance
Elle fait couler beaucoup d’encre, agace plus d’un passager et suscite maintes interrogations sur son utilisation. Instaurée en 2009, la redevance pour le fonds de développement pour les infrastructures aéroportuaires (Idef), appelée couramment Go Pass, est prélevée par la Régie des voies aériennes (RVA) sur chaque passager et dans tous les aéroports du pays, à raison de 10 dollars (7,75 euros) pour les vols intérieurs et de 50 dollars pour les vols internationaux. Impossible d’y échapper. Le passager qui n’est pas en mesure de présenter son Go Pass au pied de l’avion ne peut embarquer. L’Idef, qui générerait 20 millions de dollars par an, sert de contrepartie aux institutions financières pour l’octroi de prêts. Jusqu’à présent, ce fonds a permis de financer la construction du pavillon présidentiel de l’aéroport de Ndjili. M.D.
Les travaux de la piste de l’aéroport de Ndjili bénéficient d’un financement de 65 millions de dollars (50 millions d’euros), prêt de l’Eximbank à la Régie des voies aériennes (RVA) garanti sur la redevance pour le fonds de développement pour les infrastructures aéroportuaires (Idef, lire encadré), tandis que 150 millions de dollars (don de la Banque africaine de développement et contrepartie gouvernementale assurée par l’Idef) seront consacrés aux autres travaux de mise à niveau, qui concernent également les aéroports de Lubumbashi et Kisangani. Les efforts pour moderniser l’aéroport ne s’arrêtent pas là. Financé par la Banque mondiale, un nouveau centre de contrôle régional, combiné avec la nouvelle tour de contrôle, viendra renforcer la surveillance aérienne.
En attendant de pouvoir en construire un autre, le terminal sera relooké par Safricas-Congo.
Des mesures ont également été prises pour sécuriser l’accès à la zone aéroportuaire. « Il n’y a plus de militaires ni de badauds traînant aux abords de la piste à la recherche d’un quelconque butin, ni d’incidents autour des appareils », assure un opérateur.
Quant aux épaves d’avion qui croupissaient sur le tarmac, elles sont détruites et évacuées. Enfin, les autorités ont procédé à la mise à jour de la législation, incluant des dispositions pénales pour sanctionner les abus et les vols. Reste à promulguer les textes et à les faire appliquer.
D’autres mesures pour améliorer la sécurité aérienne et celle du tarmac sont envisagées, comme la création d’une zone de fret et l’installation d’un mur de délimitation de l’emprise aéroportuaire. De quoi satisfaire les compagnies nationales, comme Korongo Airlines, flyCongo et la Compagnie africaine d’aviation (CAA), ainsi que les opérateurs étrangers, parmi lesquels un nouveau venu depuis fin août, Turkish Airlines.
Tracasseries
Reste l’aérogare, le gros point faible de Ndjili. Elle se distingue en effet par la vétusté de ses locaux et de ses équipements, par son exiguïté, son manque de confort, de sécurité… Sans parler des tracasseries causées par les agents aux voyageurs et aux opérateurs. Là encore, promesse des autorités, il va y avoir du changement. « Nous allons améliorer les opérations du terminal, mettre aux standards internationaux les comptoirs d’enregistrement et d’embarquement, installer un scanner et de nouvelles signalisations pour orienter les passagers », explique Vincent Futa, le directeur général adjoint de l’aéroport.
Un contrat a été signé avec la société Safricas-Congo pour relooker le terminal, en attendant la construction d’une nouvelle aérogare. Pas de date arrêtée cependant pour le chantier de cette dernière (« nous sommes en phase de recherche de financements », précise Vincent Futa). Les passagers devront donc prendre leur mal en patience.
La Turquie entre dans la danse
Dans le sillage de l’arrivée de Turkish Airlines sur le tarmac de Ndjili, les relations d’affaires entre Kin et Istanbul s’intensifient.
Ils ne seraient encore qu’une centaine. Cependant, l’arrivée de Turkish Airlines à Kinshasa et, avec elle, le développement des relations commerciales et d’affaires entre la RD Congo et la Turquie devraient favoriser une présence plus importante des opérateurs économiques turcs dans la capitale congolaise… voire dans le reste du pays si affinités.
À Kinshasa, quelques entreprises turques ont déjà pris pied dans les secteurs du commerce, de la confection textile (comme la maison de prêt-à-porter pour hommes Hatemoglu, qui a une boutique boulevard du 30-Juin) et de la menuiserie-mobilier.
Filiales
Ainsi, la société Yenbu, qui propose notamment un canapé convertible fabriqué localement (baptisé Benda-Lala, « à tirer pour dormir », en lingala), envisage, vu le succès de ses produits, de mettre en place un système de revendeurs agréés. Les commerçants congolais sont aussi de plus en plus nombreux à s’approvisionner en Turquie, et les autorités turques espèrent que leurs entreprises qui exportent déjà des vêtements, tissus, objets d’ameublement et matériaux de construction vers la RD Congo vont rapidement y installer des filiales. Une mission confiée à l’attaché commercial auprès de l’ambassade de Turquie à Kin, qui, depuis début octobre, prospecte activement le marché congolais. M.D.
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