Le FMI revend son or pour prêter aux plus pauvres
Le Fonds monétaire international a vendu une partie de son stock d’or entre 2008 et 2010. La plus-value de cette opération devrait bénéficier aux pays les plus pauvres, sous la forme de prêts à taux zéro.
C’est une excellente nouvelle pour les pays les moins favorisés : le 28 septembre, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a décidé à l’unanimité d’allouer 2,7 milliards de dollars (2 milliards d’euros) au financement de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC). Grâce à ce « guichet », le Fonds octroie des prêts à 0 % sur trois ans aux pays démunis qui luttent contre la pauvreté, afin de les aider à équilibrer leur balance des paiements. Cette manne, qui profitera en premier lieu à l’Afrique, s’ajoute au 1,1 milliard de dollars qui avait été affecté à la FRPC en 2009.
À l’initiative de la France, du Japon et du Royaume-Uni, principaux contributeurs à la FRPC, il a été décidé d’affecter ce surplus aux prêts en faveur des pays à bas revenus.
D’où vient cet argent ? En 2008, lorsque Dominique Strauss-Kahn, alors directeur général du FMI, élabore un plan pour rééquilibrer les comptes déficitaires du Fonds, il prévoit de vendre une partie de son stock d’or, soit 403,3 tonnes. Mais, pour ne pas perturber le marché du métal précieux, les ventes sont étalées sur deux ans. Durant cette période, le cours de l’or a quasiment doublé et l’opération a dégagé une plus-value substantielle, excédant ce qui était nécessaire à la consolidation budgétaire du FMI et amenant le conseil d’administration à débattre de son utilisation. À l’initiative de la France, du Japon et du Royaume-Uni, principaux contributeurs à la FRPC, il a été décidé d’affecter ce surplus aux prêts en faveur des pays à bas revenus.
Christine Lagarde, l’actuelle directrice générale du FMI, s’est félicitée de cette décision. « Cette stratégie arrêtée par le conseil dote l’institution de moyens supplémentaires, destinés à aider nos membres à faibles revenus à résister aux chocs à venir et à appuyer leurs efforts en faveur d’une croissance plus forte et plus soutenue. »
Lenteur
Le seul inconvénient de cette démarche est sa lenteur. En effet, l’attribution des 2,7 milliards de dollars ne pourra avoir lieu que lorsque les États membres propriétaires de l’or – et donc de sa plus-value – auront donné la garantie qu’ils reverseront bien 90 % de cette somme au Fonds. Cette procédure compliquée mais statutaire explique que la première tranche de 1,1 milliard de dollars affectée à la FRPC en juillet 2009 pour les mêmes raisons n’ait pas encore été utilisée. Les États se souciant peu d’accélérer le processus, le pourcentage de retour au Fonds atteint 87,4 %, à un cheveu des 90 % requis.
Rageant, quand on connaît les besoins financiers des pays les plus pauvres ! Le réseau associatif Jubilee USA, qui rassemble plus de 75 ONG américaines militant pour l’établissement de « relations équitables entre les nations », a tout de même applaudi cette mesure qu’il réclamait depuis deux ans et qui, estime-t-il, apportera une vraie bouffée d’oxygène aux pays les plus défavorisés.
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