Maroc : le centre est partout

Produire localement, penser globalement… ou l’inverse ?

Une tannerie à Fez, au Maroc. © Adel Hana/AP/SIPA

Une tannerie à Fez, au Maroc. © Adel Hana/AP/SIPA

Fouad Laroui © DR

Publié le 5 août 2015 Lecture : 2 minutes.

Le FEC participe au Plan de développement du Grand Casa (PDGC). © Guillaume Mollé pour J.A.
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Le Maroc à l’heure locale

Les villes s’aménagent, les services s’améliorent, le quotidien des habitants aussi, y compris en milieu rural. Le pays a-t-il trouvé la clé du développement solidaire ? Réponse au fil des territoires du royaume, à quelques semaines des élections communales, provinciales et régionales prévues le 4 septembre.

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La formule marche dans les deux sens. Elle exprime une vérité profonde : le développement le plus « soutenable », comme on dit aujourd’hui, est celui qui s’étend comme une toile d’araignée sur tout le territoire d’un pays, qui suscite ici et là des vocations d’entrepreneur, qui partout crée des emplois, qui mobilise les ressources et les valorise là où elles se trouvent, qui exploite à merveille les niches, les microclimats, les aberrations géologiques et, sait-on jamais, la bénédiction du saint local.

Et c’est aussi localement, à l’échelle du canton ou de la région, que s’épanouit une saine émulation à laquelle personne ne veut déroger, où l’on veut faire aussi bien ou même mieux – que là-bas, dans la capitale ou dans cette autre région bénie des dieux ou du pouvoir central. Bien vite, cette émulation aura son versant politique : nous sommes assez grands pour nous gouverner nous-mêmes…

C’est dans les périphéries, loin de l’État, que se crée, presque en catimini, la richesse du Maroc

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À chaque région sa spécialité

De ce point de vue, l’un des atouts du Maroc se trouve là : chaque région a sa façon ancestrale de faire des affaires. Ici, c’est la ville et son orbe qui ont produit des tissus ou des cuirs ancestraux – le fameux « maroquin », par exemple, cher aux ministres français. Là, c’est le commerce au long cours, ces caravanes, interminables vaisseaux des terres, qui s’élançaient dans de grands voyages vers l’Afrique noire où étaient l’or et le sel. Ailleurs, on travaillait la terre et on allait de marché en marché en vendre les produits, pour revenir chargé de ce que l’on n’avait pas chez soi. Et aux temps de la dissidence, chacun était effectivement assez grand pour se gouverner lui-même.

Bien sûr, les choses ont changé, l’industrie s’est développée, c’est même une révolution qui a bouleversé le cours des choses, la machine a remplacé l’homme, partout ou presque. Mais les mentalités, elles, n’évoluent pas à la même allure. C’est du fond des siècles que vient cette opiniâtreté de l’un à accumuler, sou après sou, le capital qui permettra de fonder sa propre dynastie industrielle ; c’est de là que vient la vision de l’autre, prêt à aller s’installer près des ports pour mieux commercer, décidé à envoyer ses fils, l’un à Manchester, l’autre à Saint-Louis du Sénégal, pour créer un réseau de confiance où la parole donnée vaut lettre de change.

C’est dans les périphéries que se créé la richesse

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Le nom des villes a changé (on ne va plus à Manchester, les filatures de coton ont fermé…) mais le principe est le même : c’est dans les périphéries, loin de l’État, que se crée la richesse du Maroc, insensiblement, presque en catimini, et ce n’est qu’en regardant les chiffres annuels de la production brute du pays qu’on en prend pleinement conscience, tant il est vrai que ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières…

L’État, quand il est intelligent, ne feint pas d’être l’organisateur de ces choses qui le dépassent : il les organise vraiment… Il peut appeler cela « stratégie de proximité », « transferts de compétences et de moyens », « autonomie des collectivités locales », peu importe. Tout cela se résume en un mot : décentralisation. C’est l’un des mots d’ordre de la modernité.

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