Afrique du Nord : meilleures perspectives pour la banque islamique

Dans un rapport sur la banque islamique en Afrique du Nord, l’agence de notation Standard & Poor’s souligne les améliorations des perspectives de la finance islamique dans la foulée du printemps arabe. Mais le décollage n’est pas pour tout de suite.

La banque islamique est toujours considérée comme un marché de niche en Afrique du Nord, avec une part de marché inférieure à 5% du total des actifs. DR

La banque islamique est toujours considérée comme un marché de niche en Afrique du Nord, avec une part de marché inférieure à 5% du total des actifs. DR

Publié le 2 octobre 2012 Lecture : 2 minutes.

Les changements politiques qui ont suivi le printemps arabe ont permis d’ouvrir les débats sur la banque islamique en Afrique du Nord. L’agence de notation Standard & Poor’s pense que des facteurs économiques et un paysage sociopolitique favorables devraient accélérer sa croissance dans la région et ainsi soutenir le développement de cette industrie à travers le monde. L’agence juge néanmoins que la croissance de la banque charia-compatible sera graduelle et estime à deux ou trois ans le temps nécessaire avant qu’elle ne décolle vraiment. Cela suppose que les principales parties prenantes, y compris les décideurs, les organismes de réglementation, et les concurrents bancaires favorisent la confiance des entreprises.

D’après S&P, le développement des activités de banque islamique en Égypte, au Maroc et en Tunisie pourrait aider à alléger la pression financière à laquelle ces pays font face. Par exemple, elle pourrait améliorer la bancarisation et l’intermédiation financière, et élargir l’accès à des sources de financement pour les entreprises et les États de la région. Ce développement régional pourrait à son tour aider l’industrie de la banque islamique à devenir plus sophistiquée et intégrée à l’échelle mondiale.

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Un marché toujours balbutiant

La banque islamique a commencé à émerger dans les années 70 en Afrique du Nord, quand l’Égypte a fait partie des premiers pays du monde arabe à autoriser la mise en place de banque islamiques. Mais, au milieu des années 80, le secteur a sérieusement souffert en raison d’un manque de régulation. Depuis, l’industrie est restée largement sous développée.

Au contraire du Golfe et de l’Asie du Sud-Est, la banque islamique est toujours considérée comme un marché de niche en Afrique du Nord.

Au contraire du Golfe et de l’Asie du Sud-Est, la banque islamique est toujours considérée comme un marché de niche en Afrique du Nord, avec une part de marché inférieure à 5% du total des actifs. C’est en Égypte qu’elle est la plus développée. 13 institutions financières ont une licence bancaire islamique accordée par la Banque centrale. Sur ces 13 banques, trois offre exclusivement des produits charia-compatibles. Les autres mènent cette activité en parallèle de la banque conventionnelle. En Tunisie, le secteur demeure embryonnaire et il n’a pas encore démarré au Maroc.

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Obstacles

Malgré les incitations financières à développer le secteur de la banque islamique en Afrique du Nord et un terrain fertile pour sa croissance ultérieure, S&P pense que le progrès ne pourrait être que graduel et prendra au minimum deux à trois ans. L’agence souligne la nécessité d’un environnement politique stable qui permettrait la modification du cadre juridique existant afin de cadrer avec les spécificités de la banque islamique.

D’un point de vue réglementaire, les gouvernements doivent autoriser les nouveaux entrants (et leurs produits) tout en préservant la stabilité du système bancaire. Les gouvernements sont également conscients qu’une introduction trop hâtive de la banque islamique pourrait affecter la dynamique de compétition. L’ouverture de ce marché pourrait conduire les banques (acteurs traditionnels et nouveaux entrants) à prendre plus de risques pour conquérir des parts de marché.

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