L’Afrique face au défi de la santé urbaine

Dr Dominique Kerouedan, spécialiste des politiques de coopération sanitaire internationale.

Dr Dominique Kerouedan, spécialiste des politiques de coopération sanitaire internationale. DR

Dr Dominique Kerouedan, spécialiste des politiques de coopération sanitaire internationale. DR

Publié le 16 octobre 2012 Lecture : 3 minutes.

Les enjeux sanitaires et socioéconomiques auxquels l’Afrique est confrontée sont sans précédent, compte tenu de la très forte croissance de la population sur le continent. Alors que celui-ci est déjà peuplé de 1 milliard d’habitants, son taux de croissance est tel que sa population pourrait avoisiner 2 milliards d’habitants en 2050. Sur terre, une personne sur cinq sera alors africaine. Les débats vont bon train entre ceux qui y voient une source croissante d’instabilité politique et de conflits, et ceux, dans les milieux d’affaires, qui y voient un potentiel économique important, sur fond de ratio actifs-inactifs favorable, dans un monde multipolaire où les économies émergentes pourraient à terme souhaiter à leur tour délocaliser leurs activités.

Pour nous, professionnels de santé publique, le défi consiste à continuer, avec des ressources limitées, voire diminuées en temps de crise, de contribuer à maîtriser la propagation des maladies infectieuses, à prévenir les accidents et à ralentir la vague de maladies chroniques, au premier rang desquelles le cancer, le diabète, les maladies cardiovasculaires, respiratoires et mentales, dont nous n’avons pas encore pris la mesure sur le continent. Nous devons nous assurer que les patients ont un accès équitable à des services d’eau, d’assainissement et de soins de qualité, en limitant l’impact psychologique, économique et social sur les personnes et leurs familles de maladies longues et coûteuses. Une tâche difficile dans un contexte d’urbanisation massive – la moitié des Africains vivront en ville d’ici à 2030 -, en sachant que la prévalence de l’infection à VIH est déjà plus élevée en milieu urbain qu’en zone rurale, avec la tuberculose qui va souvent de pair.

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Le continent compte 0,8 médecin, infirmier et sage-femme pour 1 000 habitants, l’un des taux les plus bas au monde.

En 2010, le Botswana, le Burkina Faso, le Liberia, Madagascar, le Rwanda et la Tanzanie avaient atteint l’objectif formulé en 2001 à Abuja de consacrer 15 % de leur budget au secteur de la santé. Quelques pays ont aboli la participation financière des usagers des centres de santé pour certains groupes de population. Au 15e sommet de l’Union africaine, en juillet 2010, les politiques ont réaffirmé la nécessité d’augmenter les budgets des services de santé maternelle et infantile, ce qu’avait rappelé le secrétaire général des Nations unies lors du sommet du G8 à Muskoka (Canada), en juin 2010.

Sans revenir sur les causes bien connues des maladies qui tuent le plus les enfants, les femmes enceintes et les jeunes adultes en Afrique, il apparaît que, malgré les efforts humains et financiers que ces pays ont consentis dans le secteur de la santé ces dernières années, les indicateurs de réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement sont souvent moins bons en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. C’est particulièrement vrai pour la prévention de la transmission mère-enfant du virus du sida, la lutte contre le paludisme et la tuberculose.

Les priorités sont celles-ci : améliorer la densité de personnels de santé sur le continent, qui présente les taux les plus bas au monde (0,8 médecin, infirmier et sage-femme pour 1 000 habitants, quand la norme recommandée par l’Organisation mondiale de la santé est de 2,5 pour 1 000) ; mobiliser ensemble les ressources financières nécessaires à la prévention et au contrôle des maladies liées à la pauvreté et à la promiscuité, en même temps que faciliter l’émergence d’environnements favorables à une moindre prise de risque vis-à-vis de l’alcool, du tabac, des autres toxicomanies et même de la sédentarité ! Les combats contre les maladies infectieuses et les maladies chroniques doivent plus que jamais être à l’ordre du jour des stratégies que nous mènerons en faveur des jeunes et moins jeunes, femmes et hommes du continent, avec eux.

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