Immigration : plus de 200 disparus après un nouveau naufrage au large de la Libye
Plus de 200 personnes étaient portées disparues mercredi après-midi au large des côtes libyennes après le naufrage d’un bateau de pêche surchargé de migrants. Ce naufrage pourrait être le pire depuis celui qui a coûté la vie à quelque 800 personnes en avril.
« Une opération de secours massive a permis de récupérer quelque 400 survivants et 25 corps », selon un dernier bilan des garde-côtes italiens, mais d’après plusieurs sources, il y avait plus de 600 personnes à bord. Sept navires devaient participer dans la nuit aux opérations de recherche des survivants, soutenus par des hélicoptères et un drone.
Selon les autorités irlandaises, dont un navire militaire, le « Lé Niamh », a été parmi les premiers à porter secours aux migrants, mercredi 5 août, « 367 personnes (342 hommes, 12 femmes et 13 enfants) ont été secourues et se trouvent désormais à bord ».
« Un bébé d’un an environ, fiévreux, et une personne ayant une jambe cassée, ont été hélitreuillés vers l’île voisine de Lampedusa », a précisé Federico Fossi, porte-parole en Italie du Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).
Le bateau a rapidement coulé
Dans la matinée, Nawal Soufi, une militante italienne par qui passent de nombreux appels de Syriens en détresse en mer, avait annoncé avoir reçu vers 07H00 GMT l’appel à l’aide provenant d’un bateau en métal avec environ 600 personnes à bord et l’avoir transmis aux garde-côtes de Catane.
Les garde-côtes de Catane ont ensuite expliqué avoir reçu un appel, probablement concernant le même bateau, qui a été répercuté à leur centre de Rome, chargé de coordonner les secours de tous les bateaux de migrants au sud de l’Italie. Deux bateaux patrouillant dans la zone, à environ 15 milles des côtes libyennes, ont immédiatement été envoyés sur place, le « Dignity 1 », affrété par Médecins Sans Frontières (MSF), et le « Lé Niamh ».
Le bateau se trouvait légèrement au nord de la ville libyenne de Zouara, non loin de la frontière tunisienne, et avait des familles avec des enfants à bord. Mais l’eau avait envahi la salle des machines et il n’arrivait plus à avancer.
Arrivé en premier vers 10H50 GMT, le navire irlandais a mis à l’eau deux canots pour s’approcher du bateau surchargé, qui s’est alors retourné, probablement sous l’effet d’un léger mouvement de foule. Selon Federico Fossi, la mer était très calme, mais le bateau a rapidement coulé parce qu’il était en métal, et beaucoup de migrants sont probablement restés bloqués dans l’épave.
« Ne pas se laisser aveugler par la pensée populiste »
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), la barre des 2 000 morts et disparus en Méditerranée cette année a été franchie pendant le week-end, alors que celle des 200 000 arrivées par la mer, en Italie et en Grèce, devait être atteinte dans les prochains jours.
Face à cet afflux, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker s’est dit « déçu » par les difficultés rencontrées pour faire accepter une solidarité entre les États, dans un entretien mercredi à l’AFP.
Malgré un important renforcement de l’opération européenne Triton, les moyens et les compétences sont désormais tout juste similaires à ceux de l’ancienne opération italienne Mare Nostrum.
« Il n’y a pas de bonne politique en la matière. Il faut essayer de jeter des ponts entre les idées nobles et la réalité des différentes situations politiques dans les États membres », a-t-il reconnu, tout en appelant à ne « pas se laisser aveugler par la pensée populiste ».
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