Assassinats, arrestations arbitraires, torture… le Burundi s’enfonce dans la violence

Attaques ciblées à motivation politique, arrestations arbitraires, torture… Deux semaines après la réélection contestée du président Pierre Nkurunziza, le Burundi s’enfonce dans la violence.

Un policier burundais contrôle des passants à un barrage près de la capitale Bujumbura, le 2 août 2015. © AFP

Un policier burundais contrôle des passants à un barrage près de la capitale Bujumbura, le 2 août 2015. © AFP

Publié le 6 août 2015 Lecture : 2 minutes.

Quatre personnes ont été tuées durant la nuit de jeudi 6 à vendredi 7 août, dans deux quartiers de Bujumbura. Les corps de deux hommes non identifiés ont été découverts à Buterere, les mains liées derrière le dos et portant des traces de torture, et deux autres personnes ont été tuées lors d’un affrontement avec une patrouille mixte police/armée, cible d’une attaque à la grenade dans la soirée à Cibitoke, a indiqué le porte-parole de la police burundaise, Pierre Nkurikiye, jeudi 6 août.

Des proches, cités par des médias burundais, ont affirmé que les deux victimes de Cibitoke – un adolescent et son oncle – avaient été arrêtées et exécutées par la police, ce qu’a démenti le porte-parole de cette dernière.

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Criminels en uniforme

Pierre Nkurikiye a fait état « ces derniers jours » d’une vague « d’attaques ciblées contre des personnalités et membres de certaines formations politiques », citant notamment l’assassinat dimanche soir du général Adolphe Nshimirimana et la tentative de meurtre contre Pierre-Claver Mbonimpa. Il a également cité les cas de quatre personnes, sans les nommer, tuées en province et dans la capitale, ainsi que « quelques corps retrouvés sans vie ».

Le porte-parole de la police a également appelé les forces de l’ordre à la vigilance, notamment vis-à-vis d’hommes en uniformes, « car le groupe de criminels qui font ces attaques ciblées portent souvent des uniformes des forces de l’ordre », a-t-il expliqué dans un communiqué télévisé. Le porte-parole n’a pas précisé si ces « criminels » étaient de véritables policiers et militaires incontrôlés, ou des mutins.

Les observateurs s’inquiètent de l’existence d’un possible commandement parallèle au sein des forces de sécurité, aujourd’hui profondément divisées, et de l’infiltration de rebelles ou de mutins armés dans les quartiers contestataires.

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Pouvoir arbitraire des Imbonerakure

Jeudi, l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) a dénoncé des arrestations arbitraires de présumés opposants et des mauvais traitements de la part de membres des services de renseignement (SNR), de policiers et de membres de la Ligue de jeunesse du CNDD-FDD au pouvoir, les Imbonerakure.

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« Les Imbonerakure n’ont aucun pouvoir légal d’arrêter qui que ce soit, pourtant ils arrêtent des gens arbitrairement, les battent et les remettent aux services de renseignement, qui torturent certains », a dénoncé Daniel Bekele, directeur Afrique de l’ONG.

Le SNR « agit comme s’il bénéficiait d’une totale impunité », a-t-il souligné, ajoutant : « les gens au pouvoir ont instrumentalisé politiquement le système judiciaire, le transformant en arme contre l’opposition ».

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