Visiteur médical : VRP de pointe
Offrant de belles perspectives d’évolution et des débouchés pérennes, le métier de visiteur médical a le vent en poupe, sur fond de marché pharmaceutique florissant.
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« J’ai raté le concours de médecine, mais je voulais quand même travailler dans ce domaine. Quand j’ai vu à la télé des publicités évoquant les visiteurs médicaux, je me suis rendue à l’École africaine de développement du Congo », raconte Gennya Okosso. À raison de 25 000 F CFA (38 euros) par mois, cette Brazzavilloise de 31 ans a suivi les deux ans de formation à la profession de visiteur (ou délégué) médical, chargé de promouvoir les médicaments du laboratoire qu’il représente. Après son stage de fin d’études, Pharm’Afrika l’a embauchée. Cette société congolaise fondée par Alain Kangoud, un ancien visiteur médical pour Sandoz et Roche, travaille pour des laboratoires indiens (Cadila, Emcure, Bliss GVS Pharma, Stallion, Mednext), marocain (Bottu) et, via la société de vente et location de matériel médical Horizon Médical, pour des laboratoires français (Dectrapharm, Diétacaron). Son chiffre d’affaires ? Entre 50 000 et 100 000 euros par mois.
En Afrique, la profession de visiteur médical a le vent en poupe, surtout chez les femmes. « Entre 55 % et 60 % de nos étudiants sont des étudiantes », précise Abou Ly, directeur général de l’Institut panafricain de marketing (Ipam), basé à Dakar, au Sénégal, qui propose un cursus de six mois en cours du soir moyennant 455 000 F CFA et accueille chaque année 200 à 250 élèves, originaires pour la plupart d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale.
Des étudiants essentiellement séduits par les débouchés assurés sur le long terme et par les perspectives d’évolution de ce métier. Car après une formation complémentaire en management ou marketing, un visiteur médical peut notamment devenir visiteur hospitalier, directeur régional, chef de produit ou directeur marketing. Autre atout, la rémunération s’avère attractive dès la première embauche : entre 250 000 et plus de 1,6 million de F CFA (entre 380 et 2 500 euros) par mois selon l’Ipam, qui annonce fièrement que certains de ses diplômés ont été employés chez des géants du secteur tels que Pfizer, Bayer, Novartis ou Roche.
Abus
Mais la profession n’a pas toujours bonne presse, y compris auprès du corps médical. Les visiteurs médicaux, parfois extra-continentaux, « déposent les médicaments pour qu’on teste leur efficacité, ou viennent seulement pour présenter le produit et vous inciter à le prescrire. Quand ils reviennent, ils demandent combien il y a eu de prescriptions, si on a constaté des effets secondaires… », résume-t-on au Syndicat national des médecins de RD Congo. « En règle générale, les visiteurs médicaux sont astreints à une réglementation, indique Serge Barbereau, vice-président du Réseau Médicaments et Développement (Remed). Mais il y a souvent des abus, en particulier sur la distribution d’échantillons. Ceux-ci alimentent les circuits illicites : les visiteurs médicaux vendent ces médicaments, de même que certains médecins et pharmaciens. » Certains d’entre eux approvisionneraient aussi les pharmacies de rue.
En outre, la pratique des cadeaux promotionnels demeure répandue. Afin de se « placer » au mieux et d’augmenter leurs ventes, certains visiteurs médicaux n’hésitent pas à offrir blocs-notes, porte-clés, ustensiles de bureau et autres stéthoscopes, voire parfois « un ordinateur ou un téléphone portable », observe Jean-Loup Rey. Cet expert indépendant en santé publique rappelle à quel point « le poids de la publicité est important dans le choix fait par les prescripteurs ». Éthique professionnelle oblige, les cadeaux ne devraient pas influencer le contenu de l’ordonnance, souligne le Dr Albert Diabeno, président du Conseil national de l’ordre des médecins de RD Congo. En théorie seulement.
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