Résultats décevants pour MTN au premier semestre
Impacté par la baisse des tarifs de la voix, des frais de change en forte hausse, mais aussi une grève inédite en Afrique du Sud et des problèmes d’approvisionnement, l’opérateur numéro un sur le continent voit son chiffre d’affaires baisser de 4,9 % au premier semestre 2015.
Le sud-africain MTN a publié le 5 août ses résultats financiers pour le premier semestre 2015. Le premier opérateur télécoms du continent, présent dans 22 pays en Afrique et au Moyen Orient, voit son nombre d’abonnés progresser de 3,4 % pour atteindre 231 millions de clients.
En revanche son chiffre d’affaires au 30 juin – 5,07 milliards d’euros (69,21 milliards de rands) – est lui en recul de 4,9 % par rapport à la même période l’an passé.
Rentabilité
Une performance en-deçà des attentes de l’état-major du groupe sud-africain et qui impacte directement sa rentabilité, le taux de marge Ebitda baissant de 2,6 points pour s’établir à 43,7 %. Ce dernier reste néanmoins relativement haut, comparé à la plupart de ses concurrents. Vodacom, filiale africaine du britannique Vodafone, affichait par exemple un taux de marge de 34,8 % au premier trimestre 2015.
Les résultats de MTN reflètent les challenges auxquels fait face l’industrie télécoms dans son ensemble.
L’augmentation des minutes de communication consommées (+11,2 % pour MTN au premier semestre) ne parvient plus à compenser la chute des tarifs de la voix (-25,3 % sur la même période). Dans une étude publiée au mois de juillet, le cabinet Xalam Analytics indique même qu’une partie importante des nouveaux abonnés des opérateurs télécoms en Afrique détruisait de la valeur.
Données
À l’image de ses concurrents, MTN mise sur le développement de l’internet mobile pour maintenir sa rentabilité. Malgré une baisse des tarifs de 62,5 % sur une année, le groupe a vu ses revenus issus des services digitaux augmenter (+21,3 %) grâce à une augmentation de la consommation de data (+87 %). Ils representent désormais 22,3 % de son chiffre d’affaires.
Localement, plusieurs événements ont aussi pesé sur la performance du leader continental. En Afrique du Sud, MTN a subi la plus importante grève de son histoire, entraînant des problèmes d’approvisionnement et une baisse de la vente des terminaux. Ahmad Farroukh, directeur général de la filiale sud-africaine, a d’ailleurs donné sa démission début juillet.
Au Nigeria, qui est le marché le plus important du groupe devant l’Afrique du Sud (24,65 milliards de rands), c’est l’environnement concurrentiel et réglementaire (dépenses marketing, hausse des coûts d’interconnexion), mais aussi la dévaluation du naira (769 millions de rands, soit 56,3 millions d’euros de frais de change) qui ont négativement impacté le résultat de l’opérateur.
Investissements
La hausse des dépenses d’investissements (+18 % par rapport au dernier trimestre 2014 pour un total de 10,8 milliards de rands, soit 795,7 millions d’euros), a elle aussi pesé sur les finances du groupe. MTN a notamment déployé 1 335 tours télécoms 2G, 5 048 sites 3G, majoritairement partagés, ainsi que 2 475 sites 4G et 722 kilomètres de fibre optique.
En 2014, MTN avait enregistré un chiffre d’affaires en hausse de 6,4 % à 146,15 milliards de rands.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie
- RDC : des minerais de sang aux minerais de paix
- Présidence de la BAD : Bassirou Diomaye Faye, arbitre des ambitions sénégalaises
- Pourquoi Alassane Ouattara a limogé Adama Coulibaly, patron du Conseil du coton et de l’anacarde
- La question nationale au cœur de l’économie gabonaise
- Énergie, aérien, pétrole… Qui a le plus à perdre de la « rupture » de Bassirou Diomaye Faye ?