Électronique : One Tech esquive la crise

Affecté par les difficultés du marché automobile européen, le fabricant de câbles et de composants électroniques One Tech investit au Maroc et cherche de nouveaux débouchés outre-Atlantique pour préparer la reprise.

L’activité de fabrication de composants électroniques a chuté de plus de 18 %. © Hichem

L’activité de fabrication de composants électroniques a chuté de plus de 18 %. © Hichem

Julien_Clemencot

Publié le 11 octobre 2012 Lecture : 3 minutes.

En première ligne face à la crise, les constructeurs automobiles européens marquent le pas. Sur les huit premiers mois de l’année, leurs ventes ont reculé de 7,1 %. La situation semble même se dégrader, avec des baisses de 7,8 % et 8,9 % respectivement en juillet et en août. Si l’Allemagne résiste bien (- 0,6 %), les marchés français (- 13,4 %) et italien (- 19,9 %) plongent.

Spécialisé dans la fabrication de câbles et de composants électroniques, notamment pour l’industrie automobile, le groupe One Tech est directement affecté par le ralentissement économique du Vieux Continent, où il compte de nombreux clients. Son patron, Moncef Sellami, ne cède cependant pas à la panique. « Les entreprises qui souffrent le plus sont celles qui travaillent avec un ou deux donneurs d’ordre. Nous avons un portefeuille de clients suffisamment large pour passer le cap et attendre une reprise dans six mois ou un an, comme nous l’avons fait en 2008 », explique-t-il.

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Avec 230 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011, réalisés à hauteur de 80 % à l’export, One Tech a en effet les reins solides. À preuve, pas un jour de chômage technique n’a été imposé à ses 2 500 salariés depuis le début de l’année, même si l’activité mécatronique (fabrication de composants électroniques), qui représente environ 35 % du chiffre d’affaires de la société, a baissé de plus de 18 %. Sur le marché du câble, la tendance est meilleure : les commandes progressent d’environ 7 %, tirées par la demande africaine dans les domaines de l’énergie et des télécommunications.

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Pour le patron, la stratégie par gros temps consiste d’abord à impliquer davantage ses salariés. « Pour gagner en productivité, il faut jouer la carte de la transparence. Une approche encore rare dans les entreprises tunisiennes », regrette-t-il. S’il est un adepte du dialogue, c’est sans doute parce qu’il a déjà pu mesurer les avantages de cette méthode avec ses partenaires industriels. « Avec eux, nous partageons une vision à trois ou quatre ans. Si la confiance est là, ils peuvent nous aider à acquérir les dernières technologies essentielles pour préparer l’avenir », estime le chef d’entreprise.

Mais plus que de l’affaissement de la demande, Moncef Sellami s’inquiète de la dégradation du climat social tunisien sous la pression de la mouvance salafiste. Des tensions qui expliqueraient selon lui le recul (- 3 %) des investissements directs étrangers au premier semestre 2012 par rapport à la même période en 2010, année de référence pour l’économie nationale. « Pour préparer la reprise, il faut développer son outil industriel. Actuellement, nous mettons en oeuvre un plan d’investissement de 25 millions de dollars [plus de 19 millions d’euros, NDLR], dont 55 % ont déjà été réalisés. Mais nous sommes une exception. Les groupes étrangers présents en Tunisie préfèrent attendre », explique-t-il.

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Une situation dont profiterait selon lui le royaume chérifien, où plusieurs fournisseurs du secteur automobile sont partis s’installer. « Il y a un regain d’intérêt des constructeurs et équipementiers allemands pour le Maroc, notamment à cause du facteur politique », confirmait en mai à Jeune Afrique Adel Ben Khaled, directeur général de l’équipementier Leoni dans le royaume. « À la demande de nos partenaires [Valeo, Continental, Siemens, Bosch], nous allons nous aussi ouvrir fin 2013 à Kenitra [au nord de Rabat] un centre de production de composants électroniques », explique Sellami, qui ne précise pas le montant de ce nouvel investissement.

Autre piste explorée par le groupe tunisien pour contourner les difficultés européennes : miser sur le marché automobile américain. Au mois de juillet, les ventes y ont progressé de 9 %. « Nous revenons d’un voyage aux États-Unis. La reprise est là et les constructeurs expriment un certain ras-le-bol par rapport aux sous-traitants chinois, se réjouit Moncef Sellami. Nous développer outre-Atlantique est maintenant une priorité. »

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