Modernisé, Marsa Maroc vogue vers le sud
En quelques années, Marsa Maroc, l’ex-monopole public des ports a fait sa mue. Après avoir très bien résisté à la libéralisation du marché marocain, il est candidat à une concession en Côte d’Ivoire.
Au Maroc, personne ne croyait que l’ex-Office d’exploitation des ports (Odep) allait tenir le coup après la libéralisation du secteur portuaire, en 2008. Créé après l’indépendance du royaume pour gérer les ports du pays, l’Odep était à l’image de nombre de monopoles publics : pas très bien géré et plutôt nonchalant… Et pourtant. En quelques années, les choses ont vite changé sous la baguette de l’ex-ministre des Transports, Karim Ghellab, aujourd’hui président de la première chambre du Parlement.
Dans le sillage de la grande réforme portuaire menée par son département, le ministre a confié à l’un de ses cadres, Mohamed Abdeljalil, la préparation de l’ouverture du marché et la mise aux normes. Avec comme objectif explicite de survivre à l’entrée de nouveaux opérateurs. Diplômé des Ponts et Chaussées (Paris), Mohamed Abdeljalil a fait carrière dans le cabinet international Arthur Andersen et chez le groupe français Bouygues. Il a été nommé en 2005 à la tête de l’Odep.
Marsa Maroc en chiffres
10 ports exploités
175 millions d’euros de chiffre d’affaires
2 183 collaborateurs
35,4 millions de tonnes de trafic global
Depuis, la société publique a mué très rapidement. Elle est d’abord transformée en société anonyme, Marsa Maroc, répondant à toutes les exigences de bonne gouvernance. Cette évolution juridique s’accompagne d’une vaste opération de « dégraissage » : une offre de départs volontaires fait passer le nombre de salariés de la nouvelle firme de 3 600 à 2 800 – un effectif qui a encore baissé depuis. L’organisation générale est refondue dans la foulée.Marsa Maroc se prépare en parallèle à la nouvelle donne concurrentielle. Programmée pour 2008, la libéralisation du secteur portuaire signe la fin de son monopole et le passage à une nouvelle logique de marché. Aujourd’hui, sept opérateurs se disputent le créneau. De toute évidence, Marsa Maroc y a laissé des plumes : son chiffre d’affaires est passé de 3 milliards de dirhams (270 millions d’euros) en 2008 à 1,95 milliard de dirhams fin 2011.
« Mais avec quelque 50 % de part de marché, Marsa Maroc a bien résisté », estime un professionnel du secteur. Mieux, l’opérateur national reste le leader incontesté du trafic conteneurisé, avec une part de marché de 77 % au Maroc, contrebalançant ainsi la perte de vitesse sur l’activité de transport international routier, où sa part de marché a fondu, passant de plus de 80 % fin 2008 à 44 % aujourd’hui.
Plusieurs projets ont été lancés, pour des montants d’investissement colossaux.
Mégaprojet
La recette de Marsa Maroc est très simple. Plutôt que de rester sur la défensive, il passe à l’offensive. Plusieurs projets ont ainsi été lancés, pour des montants d’investissement colossaux. À Jorf Lasfar, troisième port du royaume, Marsa Maroc pilote la mise en marche d’un nouveau quai pétrolier. À Tanger, l’entreprise est retenue pour l’exploitation du quatrième terminal à conteneurs (TC4) de Tanger Med 2, la deuxième phase du complexe portuaire. Pour mener à bien le chantier, Marsa Maroc s’est doté d’une structure ad hoc, baptisée Marsa International Tangier Terminals, dont les missions couvrent la structuration du financement du projet, la réalisation des études de marché, l’acquisition des équipements et enfin l’exploitation du terminal. Ce mégaprojet, auquel l’entreprise se prépare depuis l’obtention de la concession en 2009, sera mis en service en 2014.
Mais désormais, Marsa Maroc entend aussi aller chercher la croissance ailleurs en Afrique. En groupement avec PSA Singapore, il vient ainsi d’être présélectionné pour la réalisation et l’exploitation du deuxième terminal à conteneurs du port d’Abidjan. Ce premier pas au sud du Sahara ouvrira-t-il la voie à d’autres ? Malgré nos sollicitations, l’ex-Odep n’a pas souhaité répondre à cette question.
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