Ouganda : il est désormais illégal de réclamer aux femmes le remboursement de la dot en cas de divorce
La Cour suprême ougandaise a statué jeudi sur l’illégalité de la pratique du remboursement préalable au divorce. Une femme ougandaise mariée était jusqu’alors dans l’incapacité de divorcer si sa famille ne rendait pas l’argent versé pour la dot.
« Je déclare inconstitutionnelle la pratique de rembourser la dot lors de la rupture d’un mariage », a annoncé aux médias ougandais, jeudi 6 août, le président de la Cour suprême Bart Katureebe.
En Ouganda, si le paiement de la dot à la famille de la mariée est une condition sine qua non à l’union des époux, les femmes devaient restituer cette dot si elles souhaitaient divorcer. Une coutume depuis longtemps considérée comme une entrave à la dignité et la liberté des femmes.
Les associations féministes locales et internationales demandaient l’interdiction de cette pratique depuis près de 10 ans. « Un long combat vient de s’achever, cette décision restera dans les mémoires », a confié Idah Leah Nabunnya Ntale, chargée des relations publiques au sein de l’ONG ougandaise Mifumi.
«Depuis 2007 notre association se bat auprès de la justice pour faire abolir cette loi coutumière, nous avons prié et attendu si longtemps et aujourd’hui nous savourons cette victoire », a ajouté Idah triomphante.
En 2007 cette association avait saisi la Cour constitutionnelle lui demandant de reconsidérer les conditions de divorce. Selon Mifumi, l’obligation de rembourser la dot en vue de dissoudre le mariage expose les femmes à la discrimination et la violence domestique. Une action qui était restée sans suite.
La loi l’interdit mais la coutume disparaîtra-t-elle pour autant ?
En 2010, Mifumi avait fait appel auprès de la Cour suprême qui a donc rendu son verdict jeudi 6 août. « L’exigence du remboursement de la dot pour la dissolution du mariage est un facteur qui contribue à des violations des droits des femmes », a précisé le juge en chef de la dernière instance, appuyé par six autres juges.
Même si les coutumes sexistes ne vont pas toutes disparaître, cette décision judiciaire vient à point nommé pour la jeunesse ougandaise. « Traditionnellement la dot était un cadeau du garçon envers la famille de la fille pour l’excellente éducation qu’elle a reçu. Mais avec le remboursement qui conditionnait le divorce, la femme était l’objet de toutes les violences conjugales et ne pouvait pas partir faute de moyens », a confié à Jeune Afrique, Johanna Kabanda, jeune entrepreneure à Kampala (capitale). Elle reconnaît néanmoins que dans sa culture, une fille qui n’est pas dotée reste mal vue par la société.
Antony Kahaya, 30 ans et sur le point de se marier, ne remet pas en cause le principe de la dot mais regrette que cette pratique qui est initialement un signe de reconnaissance d’une famille à une autre soit devenue une « forme de salaire », voire pire, une manière « d’emprisonner les femmes dans des mariages abusifs », conclut-il en saluant la décision de la Cour.
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