Pierre-Claver Mbonimpa a quitté le Burundi pour se faire soigner en Belgique
Le défenseur burundais des droits de l’Homme Pierre-Claver Mbonimpa, grièvement blessé dans une tentative d’assassinat, va quitter Bujumbura dimanche soir vers la Belgique pour y être soigné.
« Il prend l’avion ce soir pour la Belgique », a déclaré sa fille Amandine Nasagarare, précisant que l’état de santé de son père s’était amélioré.
Un porte-parole du ministère belge des Affaires étrangères a confirmé dimanche sans autre précision, que « M. Mbonimpa part ce soir » du Burundi « pour être soigné en Belgique ».
Pierre-Claver Mbonimpa a été grièvement blessé le 3 août au soir d’une balle au visage, tirée par des inconnus à moto à Bujumbura. Craignant pour sa santé et sa sécurité s’il restait hospitalisé au Burundi, sa famille souhaitait qu’il quitte le pays dès que possible.
La justice burundaise l’avait autorisé ces derniers jours à quitter le Burundi, malgré une procédure ouverte contre lui depuis 2014 pour atteinte à la sûreté de l’Etat. La Belgique, ancienne puissance coloniale, avait immédiatement proposé de l’accueillir.
Mbonimpa, la bête noire du pouvoir de Nkurunziza
M. Mbonimpa, figure respectée de la défense des droits de l’Homme au Burundi, est poursuivi devant la justice burundaise pour avoir affirmé que des Imbonerakure – les membres de la Ligue de jeunesse du parti au pouvoir CNDD-FDD – recevaient une formation paramilitaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) voisine.
Il avait été remis en liberté provisoire fin septembre 2014, après quatre mois et demi de détention préventive dans cette affaire, mais il lui était interdit de quitter le pays.
M. Mbonimpa, prix Henri Dunant en 2011 pour son engagement en faveur des droits de l’Homme, dénonce depuis des années des assassinats d’opposants burundais. C’est également une figure du mouvement de contestation qui a éclaté fin avril contre un 3e mandat du président Pierre Nkurunziza, que ses adversaires jugent anticonstitutionnel.
La tentative d’assassinat de Mbonimpa a été largement interprétée comme une réponse au meurtre la veille du général Adolphe Nshimirimana, homme fort du système sécuritaire burundais, tué dans une attaque à la roquette, que M. Mbonimpa avait par le passé publiquement accusé d’être impliqué dans des exécutions extra-judiciaires.
La volonté acharnée du président Pierre Nkurunziza – élu en 2005 et réélu en 2010 – de conquérir un 3e mandat, malgré les critiques de l’opposition, de la société civile, de l’Eglise catholique et de la communauté internationale, a plongé son petit pays d’Afrique des Grands lacs dans une grave crise politique, émaillée de violences meurtrières.
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