Burundi : retour sur une nuit d’affrontements dans un quartier contestataire de Bujumbura

À Bujumbura, de violents tirs et des explosions de grenades ont retenti toute la nuit de dimanche entre policiers et opposants dans les quartiers contestataires de Jabe, Nyakabiga (centre-est) et Cibitoke (nord). Jeune Afrique fait le point sur la situation à Jabe.

Au Burundi, des tirs soutenus ont été entendus dans la nuit à Bujumbura alors que reprennent les manifestations . © AFP

Au Burundi, des tirs soutenus ont été entendus dans la nuit à Bujumbura alors que reprennent les manifestations . © AFP

Publié le 10 août 2015 Lecture : 2 minutes.

« La nuit  dernière a été la plus longue de toutes », a confié à Jeune Afrique Éric qui habite à Jabe depuis plus de 20 ans. Selon les témoins sur place, les tirs accompagnés d’explosions de grenades ont commencé dimanche 9 août vers 20h et se sont calmés lundi aux environs de 2h du matin. La police fait état d’un véhicule incendié et de deux policiers blessés.

« Trop c’est trop ! Nous sommes obligés d’organiser notre protection contre la police et les Imbonerakure [organisation de jeunesse du parti au pouvoir, ndlr] venus nous arrêter sans aucune justification », a ajouté un autre jeune du quartier sous couvert de l’anonymat.

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Auto-organisation 

À la tombée de la nuit, les barricades et les rondes nocturnes caractérisent les quartiers concernés par la contestation. « Vers 19h30, les habitants de Jabe s’organisent en petits groupes, chacun ayant son rôle à jouer », nous explique une habitante d’une trentaine d’années. « Ils bloquent les rues, arrêtent les voitures qui leur paraissent suspectes, même la police ne peut habituellement pas y entrer », assure-t-elle. Puis de justifier la situation : « C’est normal lorsque l’on sait le nombre de manifestants de ce quartier qui ont été arrêtés et ceux qui ont été obligés de fuir le pays ».

Depuis le début de la contestation contre le troisième mandat du président Nkurunziza en avril, la police burundaise a multiplié les arrestations jugées arbitraires par les organisations de la société civile. « Tous les foyers de résistance sont en train de payer cher leur opposition. Les coups de feu, les arrestations et les assassinats se succèdent quotidiennement à un rythme effrayant », a déclaré Pacifique Nininahazwe président du Forum pour la conscience et le développement (FOCODE).

Le 6 août, l’ONG Human Rights Watch rendait public un document qui recense  148 cas de détention arbitraires, tortures et mauvais traitement au Burundi dans quatre provinces et à Bujumbura la capitale, depuis le début de la crise.

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« Des criminels qui perturbent la sécurité »

Le ministre de la Sécurité publique estime pour sa part qu’il s’agit de « quartiers […] sous insurrection » et fustige « des criminels armés qui perturbent la sécurité en lançant des grenades et en tirant sur des policiers en plein exercice de leur mission ».

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En réponse aux violences de la veille, ce lundi 10 août, un dispositif important de policiers a été déployé dans le quartier de Jabe. Ces derniers procédaient à des fouilles à la recherche d’armes. Seuls les écoliers, les élèves et quelques fonctionnaires ont pu sortir du quartier. « Ces policiers ont pour mission de poursuivre une opération de fouille/perquisition suite aux coups de feu et aux explosions de grenade entendus dimanche soir », a confirmé Pierre Nkurikiye, porte-parole adjoint de la Police.

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