Dossier auto : le haut de gamme monte en puissance

L’émergence d’une classe aisée profite aux marques de luxe. Comme sur les routes d’Afrique du Sud, il n’est plus rare de croiser au Maghreb et dans certains pays subsahariens berlines allemandes ou 4×4 cossus… en attendant les voitures de sport.

Dans une rue commerçante du quartier des Berges du lac, à Tunis. BMW a vu ses ventes progresser de 30% en un an sur les marchés algérien, tunisien et marocain. © Nicolas Fauqué/www.imagesdetunisie.com

Dans une rue commerçante du quartier des Berges du lac, à Tunis. BMW a vu ses ventes progresser de 30% en un an sur les marchés algérien, tunisien et marocain. © Nicolas Fauqué/www.imagesdetunisie.com

Publié le 5 octobre 2012 Lecture : 4 minutes.

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Auto : le haut de gamme monte en puissance

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Le 16 mars dernier, au coeur de Victoria Island, le quartier chic de Lagos, s’ouvrait en grande pompe le tout dernier showroom africain de Porsche. Après le Maghreb (2002 au Maroc, 2008 en Tunisie et 2011 en Algérie) et le Ghana (2011), le fabricant de la mythique 911, présent de longue date en Afrique du Sud, a choisi le Nigeria pour étendre un peu plus sa toile africaine – symbolisant parfaitement l’intérêt récent et marqué des constructeurs premium pour le continent. Avec 600 m² consacrés à la marque, neuf véhicules exposés, assortis d’un garage dernier cri, les installations nigérianes de Porsche n’ont rien à envier aux plus belles concessions européennes. « Nos voitures étaient jusqu’à présent importées des États-Unis. Aujourd’hui, Porsche a estimé que le potentiel de développement justifiait une implantation sur place », explique Michael Wagner, responsable de la marque à Lagos. « Les ventes se développent bien. Les modèles Panamera et Cayenne ont un grand succès. De nombreux businessmen apprécient la robustesse de nos voitures. Nous profitons aussi du travail effectué depuis plusieurs années par des marques comme BMW ou Mercedes pour familiariser le consommateur nigérian aux véhicules haut de gamme », reconnaît-il.

Pour Porsche, l’Afrique est devenue un relais de croissance essentiel. Il faut dire que, dans les rues de Lagos comme ailleurs sur le continent, il n’est plus rare de croiser de grosses cylindrées. Ferrari, Bentley et Lamborghini y restent des produits importés – mais un showroom Audi devrait par exemple sortir de terre d’ici à un an. Surfant sur le succès de la berline familiale A4 et du SUV compact Q5, les concessions Audi poussent en Afrique comme des champignons après la pluie : la marque en compte 60, dont 17 ouvertes ces deux dernières années, et 13 autres devraient s’implanter d’ici à 2013. « Nous écoulons plus de 20 000 véhicules par an en Afrique », explique Ian Bolin, directeur des ventes Afrique du Sud. Le marché sud-africain représente encore 80 % du total, « mais l’Algérie et le Maroc, suivis par l’Égypte, sont de gros marchés et progressent très vite », assure-t-il.

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Cliquez sur l'image.float: right;" />Si l’Afrique du Sud fait encore figure d’exception sur le continent, elle pourrait en effet ne pas garder très longtemps ce statut particulier. De plus en plus, c’est le Maghreb qui attire les regards. Sur les marchés algérien, tunisien et marocain, BMW affiche ainsi 30 % de progression sur un an, avec plus de 2 000 véhicules vendus ces huit derniers mois. Du côté de Porsche, qui annonce 200 ventes par an dans la région, on ne cache pas ses ambitions. « Au Maroc, qui représente 75 % de nos ventes au Maghreb, nous avons actuellement un taux de progression de 60 % », se réjouit Cyrille Van Belleghem, directeur des ventes France (qui supervise aussi le Maghreb). Il envisage très sérieusement une implantation en Libye. « Le Printemps arabe a clairement libéré les aspirations à consommer des classes supérieures dans cette région du monde. Nous allons multiplier par deux les volumes sur la zone dans les trois ans qui viennent », pronostique-t-il.

Vitesse

En Afrique subsaharienne, si les ventes n’atteignent pas encore de tels niveaux, la situation évolue également. Avec l’essor économique et la plus grande stabilité politique, la classe moyenne se déplace de plus en plus dans des véhicules premium. Une marque comme BMW a ainsi pu passer de 80 voitures vendues en Côte d’Ivoire en 2011 à 110 prévues pour 2012 (avec un objectif de 140 en 2013), tandis qu’au Nigeria elle a multiplié ses ventes par trois dans le même laps de temps, visant cette année 300 véhicules. L’état des routes ne permet certes pas de s’offrir les pointes de vitesse que promettent les plaquettes officielles des bolides, mais les marques misent sur leurs gros 4×4 de luxe pour pénétrer les marchés – en retravaillant la motorisation pour l’adapter à la qualité des carburants locaux. L’évolution des exigences des consommateurs fait le reste. « Des véhicules comme le iX35 de Hyundai, qui sont à la frontière du haut de gamme, jouent le rôle de tremplin, explique Bernard Bousson, brand manager pour le distributeur Tractafric Motors Corporation. Ils se vendent très bien en ce moment. Le stade suivant, pour beaucoup de clients, sera de passer à des marques allemandes. »

« Les couleurs retenues sont très majoritairement le noir ou le gris, car ici la voiture de luxe reste un accessoire de businessman », remarque Michael Wagner chez Porsche. Du coup, si les grosses berlines et les 4×4 luxueux se multiplient sur les routes africaines, les « supercars » – le segment du très haut de gamme – ne rencontrent pas encore le même succès. Ferrari, Bugatti, Lamborghini, Maserati, Bentley, Rolls-Royce… Toutes ces marques ont un distributeur en Afrique du Sud, certaines en Égypte, aucune n’est présente ailleurs. Clifford Joffe, responsable marketing d’Aston Martin en Afrique du Sud, exclut ainsi tout développement continental dans un futur proche : « Nous vendons quelques véhicules hors d’Afrique du Sud, mais compte tenu de la qualité des infrastructures, l’intérêt de la conduite de nos voitures dans les pays limitrophes est limité. » Pour Yasmine El Kadiri, chroniqueuse spécialisée de la station marocaine Luxe Radio, « les supercars restent exceptionnelles. On peut douter que ce segment de marché se développe un jour au Maghreb car, si les signes extérieurs de richesse sont pleinement acceptés, une certaine discrétion reste de mise. Nous ne sommes pas du tout dans le « bling-bling » moyen-oriental ».

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