Tourisme : les Algériens répondent présents en Tunisie

Au lendemain de l’attaque de Sousse du 26 juin, les Algériens avaient manifesté leur solidarité avec le pays voisin. Ils s’engageaient sur les réseaux sociaux à venir en masse pour passer leurs vacances en Tunisie. Promesse tenue.

Un hôtel à Sousse, en Tunisie. © Darko Vojinovic/AP/SIPA

Un hôtel à Sousse, en Tunisie. © Darko Vojinovic/AP/SIPA

Publié le 13 août 2015 Lecture : 3 minutes.

« Les vols depuis Alger pour la Tunisie affichent tous complets. » Nous sommes au mois d’août, un mois à peine après l’attaque de Sousse qui avait causé la mort de 38 personnes. Pourtant, l’employée de l’agence de voyages Amina à Alger l’affirme : « Toutes les demandes ne peuvent être satisfaites, des familles entières se rendent en Tunisie ».

Au lendemain de l’attaque, pas moins de 2500 touristes avaient quitté la ville de Sousse et des dizaines de vols en provenance de l’Europe avaient été annulés. Il ne restait alors au secteur du tourisme qu’à miser sur la clientèle locale et régionale.

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Et la clientèle algérienne est au rendez-vous. La Tunisie est pour les Algériens un pays très compétitif en termes de tarifs. Pour minimiser les coûts, beaucoup s’y rendent d’ailleurs par voie terrestre, le poste frontalier de El Kala enregistre à lui seul jusqu’à 6 000 passages frontaliers par jour, rapporte le quotidien El Watan. Sur place, les stations balnéaires sont leurs destinations de prédilection : Sousse et Hammamet mais aussi Nabeul.

Le tourisme des Algériens en hausse constante

Les familles affectionnent la proximité géographique et culturelle des deux pays et les plus jeunes considèrent la plus grande liberté dont ils peuvent jouir dans un pays aux mœurs moins strictes. Tous apprécient des prestations introuvables ou inabordables en Algérie. Les hôtels étoilés affichent des prix presque deux fois moins cher en Tunisie et proposent pour la plupart des services en extra comme l’organisation d’excursions par exemple.

Baisse des prix…

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À l’hôtel Imperial Merhaba de Sousse où 38 personnes ont trouvé la mort, la clientèle régionale a effectivement remplacé les Anglais autrefois nombreux à fréquenter les lieux. « Le taux de réservation de l’hôtel est de 80% et la moitié des clients sont Algériens, ils ont sauvé notre saison », déclare Sahbi Benabedeslam, chef de réception à l’Imperial Merhaba. Le lieu, marqué à jamais par l’attaque meurtrière, a recouvert une certaine fréquentation à coup de rabais. À tous ses clients du mois d’août, le Merhaba hôtel du Kantaoui offre une réduction de 40% sur ses tarifs.

Cet été, Amar, un trentenaire algérien a choisi de passer ses vacances à Hammamet. Il a payé 590 euros pour séjourner neuf nuits dans un hôtel quatre étoiles. « L’hôtel était presque complet mais il n’y avait pas d’Européens, seulement des Algériens et de nombreux Tunisiens, raconte-t-il. Mais tout le monde ne parle que des dernières attaques, l’attentat de Sousse est encore très présent dans les esprits. »

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… mais aussi moins de prestations 

À en croire Amar, le secteur hôtelier, déjà en crise et fortement endetté, semble néanmoins rogner sur les services pour y trouver son compte. Il explique : « J’ai été déçu par les offres sur place relativement aux années précédentes. J’ai remarqué que beaucoup moins de services étaient inclus dans l’offre de départ. Au final, je n’étais pas en pension complète, je n’avais pas d’accès à internet et le service de chambre laissait à désirer. » Ce qui ne l’empêchera pas de continuer à passer ses vacances en Tunisie.

Le tourisme des Algériens en Tunisie est constamment en hausse et c’est le marché qui a le plus progressé ces dernières années (+35% entre 2013 et 2014). En 2014, la Tunisie a accueilli 1,3 million de touristes algériens selon l’office national du tourisme et tous les indicateurs laissent penser qu’elle parviendra à maintenir le cap cette année. Dans un contexte morose, où de janvier à juin 2015 les recettes touristiques avaient déjà baissé de 12,2%, les Tunisiens peuvent donc compter sur leurs voisins pour combler – au moins en partie – le manque à gagner généré par l’absence des Européens.

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