Charles Kader Gooré n’a pas dit son dernier mot

Les deux fleurons de son groupe CKG Holding sont à l’arrêt. En difficulté dans son pays, le chef d’entreprise Charles Kader Gooré multiplie les projets au Ghana.

Le PDG de 43 ans a connu une ascension rapide sous Laurent Gbagbo. © Vincent Fournier/JA

Le PDG de 43 ans a connu une ascension rapide sous Laurent Gbagbo. © Vincent Fournier/JA

Publié le 5 octobre 2012 Lecture : 3 minutes.

Charles Kader Gooré tente de sauver ce qu’il reste de son empire. Avant la crise politique ivoirienne, CKG Holding annonçait 70 milliards de F CFA (106,7 millions d’euros) de chiffre d’affaires. Désormais, le groupe diversifié est à la peine. Revenu au pays au dernier trimestre 2011 grâce à une intervention de Guillaume Soro, alors Premier ministre, le PDG de 43 ans fait depuis face aux pires difficultés.

Il paie notamment sa proximité avec Laurent Gbagbo. Certains proches de l’actuel pouvoir le soupçonnent d’agir comme prête-nom de l’ex-président. Si les enquêtes diligentées par les nouvelles autorités n’ont rien révélé, la situation du groupe ne s’est pas améliorée pour autant. Sa société de gardiennage, Omeifra Afrique, l’une des plus importantes du pays, craint de perdre ses autorisations, tandis que ses deux fleurons, SN Chocodi et Hydrochem Africa, sont à l’arrêt.

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SN Chocodi est dans le collimateur de ses créanciers.

La première, une unité de broyage de fèves de cacao rachetée en 2008 au suisse Barry Callebaut, est dans le collimateur de ses créanciers. Banque Atlantique Côte d’Ivoire (Baci) a saisi la justice pour contraindre CKG Holding à lui rembourser un prêt de 1,5 milliard de F CFA et obtenu la nomination en début d’année d’un administrateur séquestre. « On m’empêche de travailler », se plaint Charles Kader Gooré, qui a réussi à faire lever cette décision au bout de six mois. « Malgré la mise sous administration séquestre, Baci n’a pas pu récupérer sa dette. La justice n’a donc pas trouvé utile de renouveler sa décision », explique le PDG, qui s’est cru un temps sorti d’affaire… avant qu’une autre banque, BIAO-Côte d’Ivoire, tente, en juillet, de saisir l’entreprise pour recouvrer une créance de 1,1 milliard de F CFA. En attendant une hypothétique remise en marche, la centaine d’employés est au chômage technique.

Justice

De son côté, Hydrochem Africa, l’un des deux principaux distributeurs d’engrais et de produits phytosanitaires du pays, accumule également de lourdes pertes. La société est au coeur d’une grave crise qui se joue devant la justice ivoirienne entre ses deux actionnaires, CKG Holding (propriétaire de 70 % du capital) et le groupe norvégien Yara (30 %).

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Face à ces difficultés, Charles Kader Gooré affirme multiplier les projets au Ghana voisin grâce à l’appui du sultanat d’Oman. Nommé représentant en Afrique de l’Ouest de l’Autorité publique omanaise pour la promotion des investissements et le développement des exportations (Paiped), il a créé plusieurs sociétés avec le petit État. Parmi celles-ci, CKG Energy s’est portée candidate à la construction d’une centrale de 450 MW à Takoradi (Ghana) pour près de 460 millions d’euros. Une usine de production d’engrais d’urée serait aussi en projet au Ghana. Charles Kader Gooré affirme en outre travailler avec Oman Air pour développer le hub de la compagnie en Afrique de l’Ouest. Enfin, Chocoman, une entreprise de broyage de fèves de cacao, sera implantée dans la zone franche de Mascate. Autant de relais de croissance potentiels pour le chef d’entreprise, mais hors de son pays.

Oman Connection

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C’est au cours de la dernière décennie que Charles Kader Gooré s’est rapproché du sultanat. Après plusieurs voyages à Mascate, il a noué des contacts avec Nisreen Ahmed Jaffer, l’influente directrice générale de la promotion des investissements, et a bénéficié d’entrées auprès du ministre des Affaires étrangères, Youssef Ben Alaoui. Très proche de Salem Ben Nasser Al Ismaily, le puissant président de l’Autorité publique pour la promotion des investissements et le développement des exportations (Paiped), Charles Kader Gooré a réussi à orienter Oman dans les investissements dans plusieurs secteurs non pétroliers, dont l’agro-industrie, l’énergie et les infrastructures. Une stratégie qui épouse parfaitement les ambitions africaines du sultan, Qabous Ibn Saïd. B.M.

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