Patronat algérien : « Nos attentes sont énormes »

Les chefs d’entreprise se félicitent de leurs premiers contacts avec le nouveau gouvernement Sellal. Mais ils demandent des mesures concrètes pour relancer l’économie.

Réda Hamiani salue « un dialogue constructif, contant et régulier ». © Samir Sid

Réda Hamiani salue « un dialogue constructif, contant et régulier ». © Samir Sid

Publié le 2 octobre 2012 Lecture : 3 minutes.

Les chefs d’entreprise algériens applaudissent les premiers pas du gouvernement d’Abdelmalek Sellal, nommé Premier ministre le 3 septembre, en matière de dialogue social. Et pour cause : une semaine seulement après sa nomination, le nouveau ministre de l’Industrie, Cherif Rahmani, a reçu les organisations patronales, avant même les syndicats ! « On est loin de l’esprit de la tripartite. C’est un dialogue constructif, constant et régulier. Cela tranche avec le gouvernement précédent », remarque Réda Hamiani, président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), principale organisation patronale du pays. Jusque-là, les rencontres étaient cantonnées aux réunions tripartites (gouvernement-syndicats-patronat) qui se tiennent une à deux fois par an.

Pour Brahim Benabdeslem, directeur général de MDI Business School, on observe « des prémices d’une nouvelle approche de dialogue avec le patronat ». Le président de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop, importateurs et producteurs de médicaments), Nabil Mellah, affirme de son côté avoir constaté chez le nouveau ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari, « une réelle volonté de travailler en concertation avec tous les professionnels du secteur ». « Pour l’anecdote, s’amuse-t-il, c’est la première fois que nous sommes reçus par un ministre avant même d’avoir eu le temps de déposer une demande d’audience ! »

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Le ministre de l’Industrie les a reçus une semaine après sa nomination. Avant les syndicats !

Peu écoutés sous l’ancien gouvernement d’Ahmed Ouyahia, les patrons algériens se remettent déjà à espérer l’instauration d’un dialogue social durable. « Il faut créer des structures de dialogue et de concertation permanentes », plaide Brahim Benabdeslem. Mais ils veulent plus que de simples rencontres : des actions concrètes pour relancer une économie en panne depuis quelques années. « Les attentes sont énormes, explique Benabdeslem. Le gouvernement doit prendre des décisions courageuses pour relancer et soutenir l’investissement, lutter contre l’informel et améliorer le climat des affaires, qui n’est pas bon. »

Liberté d’investir

Le FCE demande au gouvernement de clarifier sa politique économique et de réviser la loi dite des « 49/51 », qui oblige des intérêts algériens à prendre la majorité dans tout projet d’investissement impliquant des étrangers. « La loi 49/51 est à revoir. Elle est trop figée et générale. Son application peut se justifier uniquement dans les secteurs stratégiques », estime Réda Hamiani.

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Le FCE plaide également pour la libération de l’investissement. Actuellement, tous les projets d’un montant supérieur à 20 millions d’euros doivent être validés par le Conseil national de l’investissement (CNI), présidé par le Premier ministre. De nombreux chefs d’entreprise comme Issad Rebrab, président de Cevital, le premier groupe privé du pays, accusent régulièrement cette instance d’entraver leurs projets pour des raisons politiques. « Le CNI est un instrument efficace entre les mains du pouvoir pour favoriser un investisseur et en bloquer un autre », estime le PDG d’un groupe privé.

Dépendance

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Mais les patrons, même s’ils affichent une certaine satisfaction, ne cachent pas leur pessimisme sur la capacité du gouvernement à mener des réformes profondes pour sortir l’économie du pays de sa forte dépendance vis-à-vis des hydrocarbures. « Le nouveau gouvernement ne va pas prendre de décisions stratégiques et renoncer à des mesures initiées par le président de la République. Sa marge de manoeuvre est étroite », poursuit le même PDG. L’Algérie exporte essentiellement du pétrole et du gaz et son industrie, agonisante, ne représente que 5 % de son PIB.

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