Disparition d’un militant prodémocratie en RDC : les autorités promettent de lancer des recherches

Depuis le 8 août, Bienvenu Matumo, militant prodémocratie de la Lutte pour le changement (Lucha) a disparu à Kinshasa. Ses proches s’inquiètent, les autorités assurent que les services spécialisés vont se charger de le retrouver.

Bienvenu Matumo, militant prodémocratie congolais, avait été arrêté le 8 août 2015 à Kinshasa. © Junior D. Kannah/AFP

Bienvenu Matumo, militant prodémocratie congolais, avait été arrêté le 8 août 2015 à Kinshasa. © Junior D. Kannah/AFP

ProfilAuteur_TresorKibangula

Publié le 12 août 2015 Lecture : 3 minutes.

A-t-il été enlevé ? Quatre jours après la disparition à Kinshasa le 8 août de Bienvenu Matumo, l’inquiétude gagne ses proches et les militants de la Lutte pour le changement (Lucha), mouvement citoyen dont il est membre.

« Alertés par sa famille, nous avons immédiatement informé hier [le 11 août] le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme et plusieurs autres ONG de défense des droits humains de la disparition de notre ami », explique Jivin Kombi, militant de la Lucha joint au téléphone par Jeune Afrique. « Nous sommes inquiets, son téléphone ne passe plus et nous n’avons pas reçu de ses nouvelles depuis le samedi [8 août] », ajoute-t-il.

la suite après cette publicité

« Appels suspects »

À en croire un communiqué publié mardi par la Lucha, Bienvenu Matumo avait signalé ces derniers jours aux autres membres de la Lucha qu’il recevait des « appels suspects », notamment un coup de fil qui l’invitait à se rendre à l’École nationale d’administration (il fait partie de la première promotion de l’ENA de RDC) alors qu’aucune réunion n’y était prévue, « après vérification ».

Le texte donne également les circonstances de la disparition de ce jeune militant prodémocratie de 26 ans, proche de Fred Bauma, autre membre de la Lucha, détenu depuis le 15 mars à Kinshasa. « Bienvenu [Matumo] a participé samedi entre 14 heures 30 et 17 heures [locales] à une réunion organisée par le Parlement des jeunes, qui s’est tenue au secrétariat du Conseil national de la jeunesse », à Kinshasa. « [Il] était sorti de la salle en disant que quelqu’un venu le voir attendait dehors », ajoute le communiqué. Depuis, plus rien.

La lucha interpelle le gouvernement

la suite après cette publicité

« Nous continuons à espérer qu’il sera retrouvé en bon état », tente de se rassurer Jivin Kombi qui trouve tout de même « inconcevable » que « des kidnappings, des disparitions et enlèvements se multiplient ces derniers mois » en RDC. « C’est un appel que nous lançons au gouvernement pour qu’il retrouve notre collègue sain et sauf », répète-t-il.

Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement congolais, a déclaré mercredi ne pas être au courant de l’endroit où pourrait se trouver le jeune énarque disparu. Mais « le seul fait qu’il ait disparu et que les gens en parlent, est une source d’inquiétudes », confie de son côté un conseiller au ministère de l’Intérieur, assurant que « les services spécialisés vont [se] charger [de le retrouver] ».

la suite après cette publicité

« Il peut toutefois s’agir d’un simple fait divers, nuance-t-il aussitôt. Kinshasa est une ville de 12 millions d’habitants et il arrive que les gens disparaissent parfois pour des raisons personnelles. »

Bienvenu Matumo détenu à l’ANR ?

Vingt-quatre heures après s’être dit « préoccupé » par la disparition de Bienvenu Matumo, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme a appelé mercredi Kinshasa à « cesser immédiatement toutes les arrestations arbitraires pour éviter l’impact négatif sur la crédibilité du processus électoral » en cours. « Chaque arrestation extrajudiciaire de membres de la société civile, acteurs politiques ou média, confirme la tendance à la restriction de l’espace politique alors que le pays doit entamer en octobre un cycle d’élections », a déclaré à l’AFP son directeur, José Maria Aranaz.

Alors que la police a affirmé mercredi à l’AFP qu’elle ne détenait pas le militant, José Maria Aranaz a soutenu avoir une « confirmation indirecte » que le jeune militant prodémocratie se trouvait à l’Agence nationale de renseignement (ANR). Cette dernière était injoignable mercredi pour commenter ces allégations.

De son côté, Amnesty International a lancé un « appel à action urgente » pour demander aux autorités congolaises – ministres de l’Intérieur, de la Justice et chef de l’ANR en particulier -, de faire en sorte que, « s’il est bien détenu, Bienvenu Matumo soit relâché ou inculpé rapidement, qu’il ait accès à un avocat et ne soit pas exposé à la torture et autre mauvais traitement ».

Pour l’ONG britannique, « la disparition de Bienvenu Matumo ressemble à des cas où de jeunes militants et défenseurs des droits de l’Homme ont été soumis à une disparition forcée en RDC, avant qu’ils ne soient relâchés ou formellement inculpés ».

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires