Afrique du Sud : le mandarin à l’école, une « démarche coloniale », selon le principal syndicat d’enseignants

Les cours de mandarin seront bientôt proposés dans toutes les écoles primaire en Afrique du Sud. Une mesure polémique, que le plus influant syndicat d’enseignants juge impérialiste.

Le président sud-africain Jacob Zuma et son homologue chinois Xi Jinping le 4 décembre 2014 à Pékin. © Wang Zhao/AP/SIPA

Le président sud-africain Jacob Zuma et son homologue chinois Xi Jinping le 4 décembre 2014 à Pékin. © Wang Zhao/AP/SIPA

Publié le 14 août 2015 Lecture : 2 minutes.

La polémique enfle en Afrique du Sud, après l’annonce de l’introduction prochaine du mandarin dans les écoles primaires. Dans une circulaire, le ministère de l’Éducation indique que la principale langue chinoise sera peu à peu introduite dès l’école élémentaire d’ici janvier 2016. « Vous êtes invités à porter cette circulaire à l’attention des enseignants et responsables de l’enseignement public et privé », précise le texte officiel, encadré par un plan de dix ans signé en décembre dernier par le président  Jacob Zuma.

L’annonce a provoqué de vives réactions de rejet dans le pays. Chef de file des contestataires, l’influent syndicat d’enseignants sud-africain, le SADTU n’hésite pas à parler de « démarche coloniale ».

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« Nous le voyons comme une démarche coloniale sous prétexte d’influence économique chinoise. Pourquoi devrions-nous apprendre le mandarin pour le bien du commerce entre la Chine et l’Afrique du Sud ? », s’interroge Nomusa Cembi, chargé de communication du SADTU. « Cette décision a été imposée par le gouvernement sans aucune concertation. Nous avons d’autres priorités : l’Afrique du Sud a onze langues officielles, et nous avons déjà beaucoup de mal à faire en sorte que les enfants en apprennent deux. »

« Un enseignement optionnel »

Du coté du ministère de l’Éducation, cette polémique suscite l’incompréhension. « Il s’agit d’un enseignement optionnel, nous avisons seulement les écoles que les enseignants peuvent bénéficier d’une formation en collaboration avec les autorités chinoises », explique à Jeune Afrique Elijah Mhlanga, porte-parole du ministère de l’Éducation fondamentale. Avant de rappeler que d’autres langues, comme l’arabe, le français, ou l’allemand, sont également proposées en option.

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Reste que seul l’enseignement du mandarin est mentionné dans la circulaire du ministère, rappelle le journal sud-africain Mail and Guardian. La mesure, dernier symbole de l’influence économique et désormais culturelle de la Chine, suscite d’autant plus la polémique qu’elle « est à l’initiative du gouvernement chinois », souligne d’ailleurs le cabinet du ministère. 

Paul Tembe, chercheur au centre des études chinoises de l’université de Stellenbosch, nuance l’emballement de la polémique. Interrogé par l’AFP, l’universitaire fait prévaloir le pragmatisme du gouvernement. «Avec l’omniprésence de la Chine dans toutes les sphères de la société africaine, il serait absurde que notre gouvernement n’arme pas sa population avec l’apprentissage du mandarin», tempère-t-il.

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